Le haut-commissaire de l’ONU pour les réfugiés craint un long conflit en Ukraine
Radio-Canada
L’exil des réfugiés ukrainiens a ralenti ces derniers jours, mais cette accalmie inquiète tout de même le haut-commissaire des Nations unies pour les réfugiés, Filippo Grandi, qui craint que la guerre s’étire.
On ne sait jamais parce que c'est une guerre très imprévisible qui risque de s'enliser s'il n'y a pas de solution politique rapide, a-t-il confié dans une entrevue aux Coulisses du pouvoir.
Filippo Grandi n’a pas à chercher bien loin pour illustrer les conséquences d’un tel scénario : la guerre dans le Donbass opposant l’armée ukrainienne aux séparatistes prorusses dure depuis 2014. Elle a fait beaucoup de victimes, mais la communauté internationale l’a négligée.
Donc, je crains un peu qu'on retourne à cette situation sans solution politique. Une guerre à plus bas niveau d'intensité qui va causer cependant beaucoup de souffrances aux populations civiles et de dégâts aux infrastructures. Ça, c'est le grand risque.
Dernièrement, les soldats russes se sont retirés des zones entourant la capitale, Kiev, pour se regrouper dans l’est du pays. Les autorités ukrainiennes s’attendent à une intensification des combats dans ce territoire.
Jusqu’à maintenant 4,3 millions d’Ukrainiens ont fui le pays. Sept millions d’autres ont quitté leurs foyers pour se réfugier dans les régions épargnées par les bombardements en espérant pouvoir rentrer chez eux prochainement.
Lors de ses visites dans le nord de l’Ukraine et en Pologne, le haut-commissaire Grandi a assisté à des scènes bouleversantes alors que des femmes et des enfants laissaient derrière eux leurs conjoints, leurs pères, leurs frères pour faire face à l’ennemi. J'ai rarement vu des scènes qui m'ont frappé de cette manière, a-t-il dit.
Pour le moment, les Ukrainiens bénéficient de la sympathie de nombreux pays occidentaux qui n’hésitent pas à leur ouvrir leurs portes. Le Canada a mis sur pied un processus accéléré pour accueillir les réfugiés ukrainiens : 112 000 personnes ont présenté une demande jusqu’à maintenant pour venir au pays. Quelque 26 500 dossiers ont été approuvés.
Si bien des Canadiens critiquent la lenteur du processus, le haut-commissaire pour les réfugiés se montre plus conciliant. Il ne faut pas sous-estimer le fait qu'il faut le faire avec beaucoup de précision, beaucoup de détails, pour être sûr qu'on transfère les personnes qui ont besoin d'être transférées.