
Le gaz hilarant : une drogue assez prise au sérieux au Canada?
Radio-Canada
Au Royaume-Uni, le gouvernement tente de légiférer pour interdire la possession de protoxyde d’azote, ou gaz hilarant, devenu la deuxième drogue consommée par les 16-24 ans. Là-bas, la substance, qui fait rire et qui étourdit, a causé une cinquantaine de morts depuis 2010.
Au Danemark et en France, sa vente est interdite aux mineurs.
Au Canada, il est en vente libre dans les magasins, en petites capsules, et les grandes bonbonnes pullulent sur Internet. Des influenceurs se montrent en train d’en inhaler et des consommateurs et des médecins voient sa cote grimper ces derniers temps au pays. Or, les effets du protoxyde d’azote ne font pas rire longtemps.
Le rendez-vous était fixé dans un rave, en plein centre de Montréal, avec Paméla Binette, du Groupe de recherche en intervention psychosociale (GRIP). Une soirée où les portes restent ouvertes jusqu’au matin, avec des DJ aux platines.
Aux côtés des danseurs, la coordonnatrice des services d’interventions en milieu festif se tient prête. À sa table, des ballons de baudruche, comme pour une fête d’enfants, et des brochures explicatives sur les drogues.
Ces ballons, elle les donne à ceux qui souhaitent s’informer ou consommer, au cours de la soirée, du protoxyde d’azote, aussi appelé nitrous. Le GRIP a commencé à en distribuer il y a trois ans, en constatant que de plus en plus de fêtards se laissaient tenter par ce gaz, qui provoque une euphorie et une sensation d’ivresse.
Lors de cette soirée, personne ne consomme, sous nos yeux, mais tout le monde connaît le proto. L’un des fêtards dit avoir découvert cette drogue en Asie. Tu as un peu la tête dans le ciel. Tu en prends un ou deux pour le fun […] C’est vraiment n’importe quoi, cette drogue-là, dit-il.
Paméla Binette dit voir des consommateurs de tous les âges, des ados qui profitent du produit en vente libre, jusqu’aux vétérans des festivals. Ce qu’on conseille aux gens, c’est de faire attention.
Attention, car le gaz hilarant, sous ses allures anodines, peut vite faire déchanter. Souvent, pour l’inhaler, les consommateurs détournent l’usage des capsules de protoxyde d’azote utilisées dans le commerce pour faire de la crème fouettée. Ils transfèrent le gaz dans un ballon et le respirent dans celui-ci. D’autres achètent de grandes bonbonnes, vendues sur Internet, et fixent le ballon de baudruche sur son embout.