
Le français mis de côté dans des nominations fédérales malgré des recommandations
Radio-Canada
Deux rapports du commissaire aux langues officielles du Canada, dont Radio-Canada a obtenu copie, jettent un éclairage sur la nomination de la gouverneure générale, Mary Simon, et avant elle, de Brenda Murphy au poste de lieutenante-gouverneure du Nouveau-Brunswick.
Dans le cas de la gouverneure générale, le comité, mis en place en mars 2021, a évalué plus d’une centaine de candidatures selon plusieurs critères, dont la maîtrise des deux langues officielles, nous apprend un rapport d’enquête préliminaire.
Une liste d’un à dix candidats extraordinaires a finalement été remise au premier ministre, selon ce qu’indique le Bureau du conseil privé dans un courriel.
Dans le cas de Mme Murphy, M. Théberge écrit, dans un rapport final d'enquête, que l’enjeu de la connaissance des deux langues officielles a été discuté, mais n’a pas été retenu.
Radio-Canada a soumis ces deux rapports à l'analyse de Stéphanie Chouinard, professeure agrégée de sciences politiques au Collège militaire royal du Canada et à l'Université Queen's.
[Ces rapports] nous apprennent que [...] la décision finale est entre les mains du premier ministre [...] qui peut, à sa guise, décider que les langues officielles, c’est un élément primordial ou non, note la politologue.
Spécialiste du système de Westminster et professeur agrégé à l'Université Carleton, Philippe Lagassé rappelle que ce sont surtout les conventions, soit des règles politiques non écrites, qui plaident en faveur de nominations bilingues.
Dans les deux cas, il n'y a aucune règle légale qui nous dit que la personne doit être bilingue. Au niveau fédéral, c'est quand même assez récent qu'on ait des gouverneurs généraux vraiment bilingues, dit-il, ajoutant que dans le cas du Nouveau-Brunswick, le décès de la lieutenante-gouverneure, Jocelyne Roy Vienneau, obligeait le gouvernement à agir vite.
Le commissaire aux langues officielles, Raymond Théberge, a d’ailleurs jugé qu’aucune des deux nominations n’a violé la Loi sur les langues officielles, même si ni Mme Simon ni Mme Murphy ne parlent le français.