Le film Noémie dit oui, sur la prostitution juvénile, interdit aux moins de 16 ans
Radio-Canada
L’interdiction aux jeunes de moins de 16 ans de voir le film québécois Noémie dit oui, suscite l’incompréhension de l’équipe. Cette dernière pense que le long métrage, dans lequel Kelly Depeault incarne une prostituée adolescente, devrait au contraire être vu par les plus jeunes pour les sensibiliser.
Je suis encore abasourdie et un peu incrédule , explique la productrice Patricia Bergeron au sujet du maintien de la cote 16 ans et plus décidée par la Direction des services aux entreprises et du classement des films du ministère de la Culture et des Communications (MCC).
On est dans un aveulement collectif, on préfère enfouir une réalité [celle de la prostitution juvénile] pour ne pas la voir.
Dans une lettre adressée mercredi aux membres du comité de révision, Louis Dussault, le président du distributeur K-Films Amérique, a qualifié cette décision de geste de pure censure morale .
Leur déception, ainsi que celle de la réalisatrice Geneviève Albert, est d’autant plus grande que les 13-15 ans pourront voir Noémie dit oui dans quelques mois sur les plateformes alors que ce film est fait pour être vu au cinéma et que la sexualité y est davantage suggérée qu’exposée graphiquement.
Il y a beaucoup de choses hors-champ qu’on ne montre pas , assure Patricia Bergeron.
Dans sa décision, le comité de révision reconnaît que la majorité des activités sexuelles sont suggérées et se déroulent dans le hors-champ et que Noémie dit oui « pourrait prévenir les jeunes filles de moins de 16 ans des conséquences de la prostitution ».
Lors du classement du film dans la catégorie 16 ans et plus, les examinatrices-classificatrices avaient épinglé le climat de violence physique psychologique du film et le fait qu’il s’agissait d’un catalogue détaillé de gestes, de positions et de pratiques sexuelles souvent sordides et perverses .
Même si Noémie dit oui ne glorifie pas la prostitution et évite d’érotiser l’adolescente, il contient tout de même une accumulation de situations sexuelles étalées crûment et sans répit pendant le tiers du film, avaient-elles ajouté, toujours selon le document du comité de révision.