Le dernier du trio nos «Saints» sur patin
TVA Nouvelles
Dire que les réactions à la mort de Guy Lafleur, depuis hier, sont intenses est un euphémisme.
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Tous les membres de la classe politique ont tenu à rendre hommage au Démon blond. Au premier chef, François Legault: «Le numéro 10 va être dans notre mémoire collective à jamais.» Il serait surprenant que les funérailles ne soient pas nationales. Et déjà, le premier ministre a parlé d'honorer Lafleur dans la toponymie.
Je peux imaginer des observateurs extérieurs du Québec se gratter la tête devant cette gigantesque vague d'émotion et ce deuil «national».
Le hockey fut plus qu'un sport chez nous, il a charrié quelque chose de religieux; comme l'a déjà théorisé le théologien Olivier Bauer.
Or Lafleur formait, avec Maurice Richard et Jean Béliveau, une sorte de trio de Saints Québécois. Des trois, Maurice Richard, patriote quasi-muet, est un saint martyr. Le plus politique aussi malgré lui, car les Québécois y ont projeté leur désir de revanche et d'émancipation. Dans son célèbre éditorial du Devoir « On a tué mon frère Richard », en 1955, André Laurendeau parla du «peuple frustré» qui déclenche une émeute pour l'impétueux joueur.
Jean Béliveau, lui, fut une figure rationnelle. Joueur gentleman qui ne se battait pas, il se retirera en pleine gloire et fut «synonyme de succès» (comme l'a déjà souligné Bauer d'ailleurs) de la Révolution tranquille. Engagé à fond auprès de la communauté, nulle surprise qu'on l'ait pressenti pour le poste de Gouverneur général du Dominion!