
Le départ du Dr Arruda, une occasion de repenser la gestion de la pandémie
Radio-Canada
La démission du Dr Horacio Arruda offre une occasion de revoir comment le gouvernement du Québec et la direction nationale de santé publique (DNSP) gèrent la pandémie de COVID-19, estiment des experts interrogés par Radio-Canada.
C’est notamment le cas du Dr André Veillette, immunologiste et chercheur à l'Institut de recherches cliniques de Montréal (IRCM), qui n'a pas mâché pas ses mots envers l’ancien patron de la direction nationale de santé publiqueDNSP dans une entrevue accordée à l'émission Tout un matin.
Il a été très utile pour rallier la population au combat contre la pandémie, mais avec le temps, il devenait de plus en plus fatigué et il y a certaines de ses décisions ou recommandations qui devenaient controversées. Il semblait aussi être un peu déphasé avec ce que la science internationale disait, a-t-il commenté mardi.
Alors un moment donné, ça devient évident que ces choses-là vont arriver. Je pense que l’idée, c’est de tourner la page et espérer que si on a commis des erreurs, peut-être dans la façon dont la santé publique donnait ses avis, j’espère qu’on va prendre cette opportunité-là pour les corriger.
Au début de la pandémie, il était difficile d’asseoir des recommandations sur des données scientifiques probantes qui n’étaient tout simplement pas au rendez-vous, concède M. Veillette. Mais les connaissances scientifiques sur la COVID-19 se sont ensuite améliorées, sans que M. Arruda soit au diapason.
C’est sûr qu’une fois qu’on a considéré ces données-là, évidemment, on peut moduler en fonction de la politique ou des besoins sociaux ou d’autres considérations. Mais d’abord et avant tout, ça devrait être basé sur de la science. On ne peut pas faire des choses à l’encontre de la science, plaide-t-il.
Et c’est là où je pense que, ces derniers temps, M. Arruda avait certaines difficultés. Moi, je préconisais qu’il devrait y avoir davantage d’avis d’experts indépendants du gouvernement qui influencent le ministère de la Santé et le premier ministre. Je pense que c’est possible de faire ça.
« Quand M. Arruda parlait de ses experts, on ne savait jamais de qui il parlait. Il disait : "mes experts m’ont dit ci, m’ont dit ça". Je pense que ce serait plus important d’avoir plus de transparence. Qui sont les experts? »
Selon le chercheur, il serait plus approprié qu’il y ait une certaine distance entre les experts et le gouvernement, et que ce dernier recueille l’opinion de conseillers scientifiques indépendants qui ne font pas partie du gouvernement, qui ne sont pas payés par le gouvernement.