
Le défi de voir (ou de revoir) de « vieilles » séries québécoises
Radio-Canada
Le nombre de plateformes en ligne permettant de regarder des séries a habitué le public à tout voir en un claquement de doigts. Or les séries d’antan, diffusées avant l’avènement du numérique, sont souvent difficiles à trouver. Si l’envie vous prend de revoir Lance et compte, Diva, Les filles de Caleb, Bunker, le cirque, Les poupées russes ou La vie, la vie, vous réaliserez bien vite qu’elles sont introuvables, ou presque.
Certes, certaines se trouvent toutefois en ligne, en rediffusion à la télévision (voyez la liste en milieu de texte) ou alors en format DVD dans les bibliothèques. C’est la gestion des différents droits d’auteur qui explique cette carence.
C’est un problème pour les nostalgiques, mais aussi pour le patrimoine. La télévision fait partie de notre patrimoine, et on a tendance à l’oublier. Je trouve ça dommage; ça se perd. Je suis toujours étonné de ça, car il y a un travail incroyable du côté du cinéma avec Éléphant pour remastériser [rematricer] les anciens films québécois, dit le chroniqueur télé du Soleil, Richard Therrien, qui gère aussi la plateforme Qui joue qui (Nouvelle fenêtre).
C’est un patrimoine en mouvance. Notre culture télévisuelle a commencé dans les années 50 et elle est encore très vivante aujourd’hui. J’entends les gens qui me parlent de leur série culte des années 60, mais je pense qu’ils aiment ce qui se fait aujourd’hui, souligne la directrice générale de la Télévision de Radio-Canada, Dany Meloul.
Qu’il s’agisse de séries américaines, françaises ou québécoises, les regarder légalement en ligne n’est pas simple. C’est une question de respect du droit d’auteur. Il faut que les gens comprennent qu’on ne peut pas juste prendre ces séries et les mettre sur le web. Il faut payer les droits à tout le monde, comme pour toutes les séries, explique la directrice principale d’ICI Tou.tv, Christiane Asselin.
Si on regarde La petite vie [ou toute autre série] piratée sur Internet, aucun argent n’est remis aux artistes ni aux producteurs, ajoute Paulina Abarca-Cantin, du Fonds des médias du Canada, qui s’occupe de la chaîne YouTube Encore+, créée en 2017 pour mettre de l’avant les séries télévisées canadiennes d’antan, en anglais comme en français.
Lorsque l’envie de diffuser une série se présente, il faut donc trouver qui possède les droits, puis les libérer avec l’ensemble des comédiennes et comédiens, des scénaristes, etc. C’est souvent un vrai travail de détective, illustre Paulina Abarca-Cantin.
Simon Dupuis, directeur des acquisitions pour Radio-Canada, explique l’ensemble du processus : Il y a l’ayant droit de la série. Si le producteur est décédé ou qu’il a pris sa retraite, à qui a-t-il cédé ses droits? Ensuite, il y a trois autres couches. Les droits musicaux sont libérés pour un nombre d’années X. Il faut faire la même recherche, trouver l’ayant droit et négocier. Parfois, des compositeurs ne veulent plus céder les droits, donc ça s’arrête à ce moment-là. Il y a aussi des images d’archives associées à certaines séries, puis les droits des membres de l’Union des artistes (UDA).
Il ne faut pas oublier un aspect technique qui empêche ces séries d’être facilement accessibles. Certaines se trouvent en format VHS. Ça demanderait énormément de travail technique pour les transférer sur d’autres fichiers. Rien n’est impossible, mais ce sont des coûts supplémentaires, fait remarquer Christiane Asselin.