
Le début du ralentissement de l’économie canadienne?
Radio-Canada
Si une hirondelle ne fait pas le printemps, un mois ne donne pas toutes les informations sur le marché du travail. Mais avec une première hausse du taux de chômage depuis août 2022, on peut penser qu’il s’agit là du premier signe concret du ralentissement économique attendu, conséquence des hausses répétées des taux d’intérêt par la Banque du Canada.
On peut avoir des anachronismes et des variations de mois en mois, mais la tendance est maintenant là. Et je crois que ce sera encore plus clair lors des prochains mois, croit l'économiste Daniel Denis en entrevue à Radio-Canada.
Car tous les indicateurs pointent dans la même direction. Même si la pénurie d’emplois demeure importante, le nombre de postes vacants s’est affaissé lors des derniers mois. Il y en avait 815 300 en mars dernier, une forte baisse face aux 990 000 postes vacants de mars 2022.
Puis, les heures travaillées ont aussi beaucoup diminué lors des dernières semaines. Et finalement, avec les dernières données de l’emploi, on voit que les mises à pied sont maintenant commencées. Les pancartes Nous embauchons, très présentes depuis la pandémie devant les entreprises, pourraient devenir plus rares dans certains secteurs de l’économie lors des prochains mois.
« C’est la suite logique pour les entreprises. Elles ont moins de profits et lorsqu’on fait face à un ralentissement, on retire les emplois affichés, puis on coupe les heures et finalement, dans certains cas, on fait des mises à pied. Tout cela a commencé, on le voit de plus en plus. »
En mai dernier, le taux de chômage a augmenté de 0,2 % à 5,2 % au Canada et 17 000 emplois ont été perdus, ce qui est la conséquence du ralentissement économique, a aussi confirmé Statistique Canada lors de la publication de ses chiffres, vendredi.
Tout un contraste avec la fin de l’année passée et le début de 2023 où le marché de l’emploi était sur la testostérone malgré les hausses de taux d’intérêt, avec 104 000 emplois créés en décembre, 150 000 en janvier.
Mais pour la Banque Nationale, il était clair que le marché du travail allait subir les contrecoups de l’augmentation du taux directeur. Avec le ralentissement prévu, les entreprises veulent contrôler leurs coûts, un phénomène qui risque de s’accentuer lors des prochains mois.
Selon nous, ce n’était qu’une question de temps avant qu’un revirement ne se produise après une vague d’embauches. Nous doutions que le marché du travail continuerait à résister dans un contexte où les hausses de taux d'intérêt de la Banque du Canada n’ont pas encore produit leur plein effet sur l’économie et le marché du travail, ont écrit les économistes Matthieu Arseneau, Alexandra Ducharme et Emma Patard dans une note publiée vendredi.