Le cri du coeur d’une femme victime de viol qui veut protéger son enfant
Radio-Canada
Océane a peur. Peur que son agresseur ne lui enlève l’enfant qu’elle a eu après avoir été violée et qu’il ne s’en prenne à elle. L’histoire de la jeune femme de la région a soulevé l’indignation au Québec cette semaine. Elle lance un cri du coeur pour que la loi puisse les protéger.
Celle que l’on nomme Océane pour protéger son identité raconte qu’après avoir été violée par son colocataire et ami, il y a trois ans, elle est tombée enceinte. Elle a choisi de garder l’enfant.
Voilà que de la prison où il purge une peine de cinq ans pour le viol d'Océane et de trois autres personnes, l’agresseur réclame la paternité de l’enfant.
Grâce à une disposition dans la loi sur le droit de la famille, il peut exiger un test d'ADN et que son nom soit inscrit au certificat de naissance du bambin.
La jeune femme dit qu’elle a peur. Pour ma sécurité et surtout celle de mon garçon. C’est ça que j’ai eu le plus peur. Je l’ai dit clairement devant la juge avant que le test de paternité soit accepté. J’ai dit si jamais il le fait, puis c’est lui, j’ai vraiment peur de ce qui va arriver par la suite. Ç’a été clairement dit. La juge avait l’air de comprendre ce que je disais, mais elle disait que la loi, c’est comme ça, ça devait être comme ça.
Me Suzanne Zaccour, avocate responsable de la réforme féministe du droit pour l'Association nationale Femmes et droit, corrobore la décision de la juge. Elle explique qu’il y a différentes façons d’être reconnu comme parent : par un certificat de naissance, par le fait d’être marié avec la personne qui donne naissance à l’enfant et par le lien génétique.
Je crois qu’il aurait été difficile pour la juge d’en décider autrement même si la mère lui dit qu’elle a peur. C’était difficile parce que pour l’établissement de la filiation, il n’y a pas d’analyse de l’intérêt de l’enfant et encore moins de l’intérêt de la mère, reconnaît-elle.
Lorsque Océane a reçu les demandes de son agresseur, elle a fondu en larmes. Il voulait faire changer le nom de mon garçon pour le sien, il voulait que j’aille à la rencontre de sa mère, le temps qu’il sorte de prison, logiquement il veut avoir des droits parentaux sur mon garçon. [...] Je me disais : "Pourquoi il fait ça? Qu’est-ce qu’il veut de plus de moi?"
Océane parle publiquement de son histoire dans l’espoir que la loi puisse la protéger, elle et son enfant. Sa sortie publique a fait en sorte qu’un cabinet d’avocat s’est manifesté pour la représenter pro bono.