Le cauchemar de Woodstock ’99 raconté sur Netflix
Radio-Canada
Trente ans après le festival Woodstock en 1969 et son message pacifique, Woodstock '99 s’est rapidement présenté comme son antipode. Installations déficientes, chaleur accablante et abus de drogues ont eu raison d’une foule de plus en plus impatiente qui a fini par mettre le feu au site. L’histoire rocambolesque de ce fiasco est racontée en détail dans la série documentaire Trainwreck: Woodstock '99, offerte depuis mercredi sur Netflix.
La nouvelle série en trois épisodes du réalisateur britannique Jamie Crawford porte bien son nom. Le tristement célèbre festival Woodstock '99 avait en effet toutes les caractéristiques d’un déraillement de train (trainwreck), mais qui s’est déroulé au ralenti. Les intentions initiales des personnes qui ont imaginé l’événement étaient toutefois nobles, à commencer par Michael Lang, cofondateur du Woodstock original.
Après une tentative de recréer le festival en 1994, qui avait été gâché par la pluie, Lang a accepté de se relancer dans l’aventure cinq ans plus tard avec John Scher, l’un des promoteurs les plus en vue au New Jersey à l’époque.
En tant que président et fondateur de l’entreprise Metropolitan Entertainment Consultants, qui signait des mastodontes comme The Rolling Stones et The Who, John Scher affirmait au départ disposer d’un budget presque illimité, mais l’équipe qui organisait le festival s’est vite rendu compte que l’homme au caractère rétif préférait les économies de bouts de chandelle, obsédé par son objectif de faire un profit.
Lang et Scher espéraient pouvoir recréer l’ambiance du légendaire festival de Woodstock, qui s’est tenu dans une paix relative en 1969 à Bethel dans l'État de New York. La suite de l’histoire sera une leçon douloureuse d’humilité pour les deux producteurs.
Avec le recul, les éléments précurseurs de l’échec de Woodstock '99 sont d’une clarté saisissante, à commencer par le choix de l’emplacement du festival : une base militaire désaffectée au beau milieu de l’État de New York, à Rome, une ville de 30 000 âmes.
Au-delà de l’austérité inhérente au lieu, la disposition des scènes imposait aux festivaliers et festivalières de longs allers-retours à pied sur une surface asphaltée interminable. Mêlé à une canicule suffocante et à l’absence de zones d’ombre, ce choix de terrain s’est avéré être l’un des premiers écueils du festival. Plus de 1000 personnes ont d'ailleurs été traitées pour des coups de chaleur ou de la déshydratation en trois jours du festival.
La sécurité poreuse à l’entrée du site, où les mélomanes devaient se départir de leurs bouteilles d’eau tout en passant allègrement de la drogue, notamment beaucoup d’ecstasy, a empiré la situation Entre les points d’eau trop peu nombreux et les prix gonflé des boissons vendues aux kiosques de rafraîchissements, il en a résulté une foule survoltée, mais assoiffée.
Le dernier jour du festival, des festivaliers et festivalières au bout de leur peine ont même brisé les canalisations pour avoir accès à l’eau sans attendre éternellement dans la file pour les fontaines. L’eau s’est ainsi mélangée à la boue et aux déversements des toilettes chimiques à proximité pour créer un autre problème de santé publique : une eau contaminée par des matières fécales.