Le caribou s’éteint et l’indignation monte
TVA Nouvelles
Incompétence, manque de leadership, procrastination: nous ne mâchons pas nos mots pour décrire l’action – ou plutôt l’inaction – du gouvernement du Québec dans le dossier de la protection du caribou et de l’aménagement durable des forêts.
Dans les derniers mois, plutôt que de présenter sa stratégie caribou promise depuis 2016 et reportée un nombre incalculable de fois, le gouvernement du Québec a choisi de la renvoyer aux calendes grecques et de présenter uniquement deux projets pilotes, sans rien annoncer de substantiel pour protéger l’habitat des autres troupeaux.
C’est à se demander si le gouvernement du Québec n’a pas élaboré une stratégie délibérée pour retarder l’action jusqu’à ce que les troupeaux de caribous qui gênent le plus l’industrie disparaissent.
Pendant qu’on doit encore participer à une énième consultation prolongée jusqu’au 31 octobre, l’habitat du caribou continue de se détériorer et cet emblème de nos forêts se rapproche toujours plus de l’extinction.
Nous sommes solidaires des communautés autochtones qui craignent de perdre leur identité, leur culture, leurs activités traditionnelles et leurs droits ancestraux si le caribou disparaît. Nous sommes aussi solidaires des habitants des communautés qui dépendent économiquement de la forêt et qui craignent de voir leur village fermer dans un futur proche si l’habitat du caribou est protégé.
Ce que nous tenons à préciser cependant, c’est qu’il est possible de protéger le caribou sans qu’aucun village ne ferme. Nous ne sommes pas réellement dans une situation où soit on perd le caribou, soit on perd toute l’industrie forestière du Québec. C’est un faux dilemme et le gouvernement du Québec semble tout faire en son pouvoir pour inquiéter la population en ne mettant pas de l’avant les solutions.
Parce que des solutions existent pour protéger le caribou et limiter les impacts socio-économiques sur les travailleurs du secteur forestier. Non seulement ces solutions existent, mais le gouvernement du Québec les connaît depuis longtemps.
Ce dont nous avons besoin, c’est d’un plan de transition juste du secteur forestier, réfléchi et co-créé avec les personnes qui travaillent dans ce secteur, les syndicats, les communautés autochtones, les entreprises et les communautés forestières. Il faut aussi diversifier l’économie des régions actuellement très dépendantes de l’industrie forestière, pour s’assurer qu’aucun village ne ferme si une usine ferme.
Le caribou est le canari dans la mine. S’il décline, c’est que les écosystèmes forestiers se portent mal et que l’industrie forestière et les communautés qui dépendent d’une forêt en bonne santé en subiront tôt ou tard les contrecoups elles aussi. C’est pourquoi il faut dès maintenant mettre en place les solutions qui nous assureront de ne laisser personne derrière, tout en protégeant la nature dont notre économie a besoin.