
Le captage du carbone, bonne solution?
Radio-Canada
De plus en plus d’acteurs économiques et de décideurs politiques affirment que le captage et le stockage du carbone représentent une solution d’avenir pour faire face aux défis climatiques. Les écologistes sont sceptiques. Les adeptes de la déconsommation y voient une arnaque. Mais, la technologie existe et suscite de grands espoirs à Ottawa. Est-ce une vraie bonne solution?
Le gouvernement Trudeau est favorable à la technologie du captage, de l’utilisation et du stockage du carbone. La ministre des Finances Chrystia Freeland a consacré trois pages de son budget 2021-2022, en avril dernier, à la recherche, au développement et à la mise en place d’un incitatif fiscal pour permettre des avancées sur cette technologie.
La lutte contre les changements climatiques et l’atteinte de zéro émission nette, est-il écrit en page 189 du budget, exigent que les Canadiens et l’industrie canadienne réduisent dans l’atmosphère, de toutes les façons possibles, les gaz à effet de serre nocifs. [...] La technologie de captage, d’utilisation et de stockage du carbone (CUSC) est un outil important pour réduire les émissions dans les secteurs aux émissions les plus importantes.
En écrivant de toutes les façons possibles, on comprend que le gouvernement Trudeau ne va pas se priver de toutes les options disponibles pour tenter d’atteindre ses objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES). Le texte du budget est affirmatif : la technologie du captage et du stockage est sûre et certaine, pleine de promesses et d’ambitions, et permettra au pays d’atteindre son objectif de carboneutralité en 2050.
Cela dit, le ministre de l’Environnement Steven Guilbeault, dans une entrevue à Zone économie vendredi, atténue les attentes face à cette technologie. En termes d’investissement, dit-il, on est à 30 milliards au cours des 10 prochaines années dans les transports collectifs et on est à plus de 10 milliards dans des technologies déjà existantes pour les secteurs de l’acier ou de l’aluminium vert, rappelle-t-il.
Il ajoute : Le GIEC [le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat] a fait un rapport sur le captage et le stockage du carbone en disant que ce serait une solution qu’on devait utiliser. Mais, il faut bien comprendre que ce n’est pas pour demain matin. Ce n’est pas là-dessus qu’on mise pour réduire nos émissions au cours des prochaines années. [...] À court terme, on est dans l’efficacité énergétique, on est dans les énergies renouvelables, on est dans le transport collectif, parce que ces technologies sont là, elles sont prouvées, elles existent.
Il y a beaucoup de nouvelles technologies dont nous allons avoir besoin au cours des prochaines années, comme le captage et le stockage du carbone. On est à plusieurs années d’une utilisation commerciale, voire une décennie.
Le carbone, est-il expliqué dans le budget, peut être stocké profondément sous terrain ou utilisé pour créer de nouveaux produits novateurs. [...] Le CUSC est la seule technologie actuellement disponible qui pourrait produire des émissions négatives. [...] Nous avons les éléments de base nécessaires en place, y compris l’infrastructure, comme l’Alberta Carbon Trunk Line, et des entreprises novatrices, comme CarbonCure en Nouvelle-Écosse, qui ont mis au point une technologie pour injecter du carbone capté dans le béton, le rendant plus fort et moins polluant.
Simon Langlois-Bertrand, chercheur à l’Institut de l’énergie Trottier à Polytechnique Montréal, affirme que l’une des solutions possibles, c’est le stockage géologique, qui consiste à trouver des endroits où il y a des poches, pour simplifier l’image, où on peut mettre le CO2 très profondément sous terre ou dans des formations géologiques qu’on va considérer comme étant stables à long terme, ce qui voudrait dire qu’en théorie, le CO2 va rester là à très long terme.