Le Canada sous-évalue les émissions de l’industrie forestière, soutient un rapport
Radio-Canada
Un rapport coparrainé par Nature Canada et l’ONG américaine Natural Resources Defense Council qualifie de douteuse la méthode employée par le gouvernement canadien pour déterminer les émissions de dioxyde de carbone (CO2) issues des forêts du pays et qui, souligne-t-il, ont été, par moments, équivalentes à celles des sables bitumineux de l'Alberta.
Selon le rapport (Nouvelle fenêtre) (en anglais) publié mardi, le Canada sous-évalue considérablement les émissions de gaz à effet de serre de l'industrie forestière en raison d’une méthode biaisée, qui consiste notamment à combiner les processus naturels et l'activité industrielle pour en arriver à un flux net combiné alors que, pour presque tous les autres secteurs de l’économie, il déclare des émissions directes.
De ce fait, les chiffres du gouvernement fédéral suggèrent que les émissions de carbone provenant de l'exploitation des forêts, qu'il s’agisse de forêts exploitées ou non, sont globalement équilibrées presque uniformément par l'absorption de carbone provenant de la repousse forestière.
Ressources naturelles Canada a longtemps défendu l’approche canadienne, affirmant qu'elle est conforme aux directives des Nations unies et qu'elle est utilisée par d'autres pays, alors que l'Association des produits forestiers du Canada qualifie le rapport de trompeur et préjudiciable.
Le rapport indique que les calculs du gouvernement sont faussés. Le Canada s'attribue le mérite de l'élimination du carbone de vastes forêts qui n'ont jamais été exploitées comme moyen de masquer les émissions, note Michael Polanyi de Nature Canada.
Par exemple, selon le rapport, le gouvernement n'attribue pas le carbone libéré par les incendies de forêt à l'industrie forestière, mais met à l’actif de celle-ci le carbone absorbé par la repousse forestière, et ce, alors même que cette forêt n'a jamais été exploitée et que les activités humaines ne jouent aucun rôle dans sa régénération.
C'est comme si une personne au régime s'attribuait le mérite d'avoir mangé des aliments qu'elle ne mange pas, ironise Jennifer Skene du Conseil de défense des ressources naturelles.
Les auteurs du rapport ont d'abord exclu de leur calcul l'impact des incendies de forêt et ont isolé les émissions directement attribuables à l'industrie à l'aide de données, de méthodes et d'hypothèses gouvernementales.
Ils ont ensuite calculé la quantité totale de carbone stockée dans les arbres récoltés. De cela, ils ont soustrait le carbone qui restera détenu dans les produits à longue durée de vie, tels que les matériaux de construction. Ils ont enfin soustrait le carbone absorbé par les arbres lorsqu'ils repoussent sur des blocs forestiers replantés.