Le Canada a rencontré les talibans de nombreuses fois depuis la chute de Kaboul
Radio-Canada
Des fonctionnaires du gouvernement canadien ont rencontré des représentants des talibans à au moins 13 reprises au Qatar depuis leur arrivée au pouvoir en Afghanistan en août 2021, révèlent des documents obtenus grâce à la loi sur l'accès à l'information par CBC, le réseau anglais de Radio-Canada.
Ces documents montrent que le haut fonctionnaire du Canada pour l'Afghanistan, David Sproule, qui a déjà œuvré en tant qu'ambassadeur, a fait pression sur les talibans, de pair avec divers responsables d'Affaires mondiales Canada (AMC) et de pays alliés, pour qu'ils s'engagent à donner plus de droits aux femmes, à lutter contre le terrorisme et à permettre aux Afghans qui le veulent de quitter le pays.
Contrairement au département d'État des États-Unis et au ministère des Affaires étrangères du Pakistan, le Canada ne fournit pas de mises à jour régulières sur ses pourparlers avec le gouvernement en Afghanistan.
La demande d'entrevue transmise par CBC pour s'entretenir avec M. Sproule a été rejetée par AMC, mais le ministère a reconnu que le haut fonctionnaire avait engagé des pourparlers informels avec les talibans, ajoutant qu'il continuerait de faire pression sur eux en ce qui a trait aux droits de la personne.
Les documents obtenus par CBC sont principalement des courriels envoyés par M. Sproule à ses collègues du ministère. Ils montrent notamment que les talibans souhaitent maintenir des relations diplomatiques, mais aussi qu'ils minimisent les dangers auxquels sont confrontés les Afghans qui tentent de partir, malgré les multiples reportages sur le sujet.
Lors d'une réunion tenue le 12 octobre 2021, soit peu de temps après leur prise de pouvoir, les talibans ont par exemple demandé aux représentants des gouvernements étrangers de rouvrir leurs ambassades à Kaboul.
Selon une note que M. Sproule a écrite à ses collègues, le ministre afghan des Affaires étrangères par intérim de l'époque, Amir Khan Muttaqi, a également demandé à ces gouvernements de lever leurs sanctions, affirmant que le nouveau régime était inclusif parce que les minorités ethniques y étaient représentées et que les femmes au gouvernement n'avaient pas été licenciées.
Au cours de cette même réunion, les talibans auraient promis de ne pas faire obstacle aux Afghans qui souhaiteraient quitter le pays. Ils auraient toutefois ajouté que certains d'entre eux prétendaient être en danger uniquement dans le but de partir à la recherche d'opportunités économiques.
Ces mêmes talibans, toujours M. Sproule, ont par ailleurs suggéré aux gouvernements étrangers intéressés à aider les femmes de commencer par payer les salaires de 200 000 enseignantes du pays.