Le blocage de Coutts a convaincu Mendicino de décréter l’état d'urgence
Radio-Canada
Des manifestants armés, prêts à en découdre avec les forces de l'ordre : c'est le caractère dangereux du barrage frontalier de Coutts, en Alberta, qui aurait fini par convaincre le ministre fédéral de la Sécurité publique Marco Mendicino – et possiblement le premier ministre Trudeau – de décréter l'état d'urgence fédéral, l'hiver dernier.
M. Mendicino aurait pris conscience de la volatilité de la situation lors d'un appel téléphonique avec la commissaire de la Gendarmerie royale du Canada (GRC), Brenda Lucki, le 13 février au matin, a-t-il raconté mardi à la commission Rouleau.
Nous étions sur le point de nous engager dans une opération à Coutts, où les gens étaient en possession d'un nombre important d'armes à feu et de gilets pare-balles; où circulaient, selon nos renseignements, des opinions extrêmes sur le plan idéologique; et où des gens étaient prêts à en découdre, a-t-il expliqué.
Or, l'invocation de la Loi sur les mesures d'urgence était une réponse toute trouvée à ce genre de menace, selon le ministre Mendicino, pour qui le déploiement d'agents de la GRC et la délimitation de zones où les rassemblements seraient interdits étaient devenus une nécessité.
L'Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) avait également exprimé explicitement ses préoccupations en lien avec son incapacité à démanteler les barrages se trouvant en amont des postes frontaliers, a-t-il ajouté.
Interrogé par la procureure de la Commission Shantona Chaudhury, M. Mendicino a raconté mardi avoir partagé avec le premier ministre Trudeau et son entourage immédiat les préoccupations de la commissaire de la GRC au sujet de la volatilité de la situation à Coutts.
Et s'il ne se rappelle pas avoir lu plus tard dans la journée du 13 février le courriel transmis par Mme Lucki à son chef de cabinet Mike Jones dans lequel elle soulignait que « tous les outils disponibles » n'avaient pas encore été utilisés par la police, en avoir pris connaissance n'aurait probablement pas changé grand-chose, selon lui.
À ce moment-là, mes interactions directes avec la commissaire allaient en fait dans la direction opposée, a-t-il résumé.
Par ailleurs, l'avocat des organisateurs du convoi des camionneurs, Brendan M. Miller, a été expulsé de la commission, mardi. Le juge Paul Rouleau a exigé, après la pause du matin, qu'il soit escorté vers la sortie.