Le bilinguisme, « l’affaire des francophones » dans la fonction publique fédérale
Radio-Canada
En septembre 2020, lors du discours du Trône, le gouvernement fédéral s’avance comme il l’a rarement fait et reconnaît l’inégalité qui existe entre les anglophones et les francophones au pays. Le français, explique-t-il, est dans une « réalité particulière » et Ottawa a la responsabilité de protéger la langue « non seulement à l’extérieur du Québec, mais également au Québec ».
Depuis, le gouvernement Trudeau ne cesse de répéter que le français a besoin d’être plus soutenu que l’anglais, car la langue est en recul au pays.
Pourtant, quand on regarde la répartition de l'effectif de la fonction publique fédérale, ce sont les anglophones qui semblent être favorisés par Ottawa et par des obligations linguistiques moins robustes. En effet, c’est au Québec, la seule province francophone au pays, où le gouvernement fédéral exige le plus le bilinguisme de ses fonctionnaires.
Selon des données fournies par le secrétariat du Conseil du Trésor, 68 % des fonctionnaires dans la province doivent parler le français et l’anglais pour accéder à leur poste, alors que dans le reste du Canada, le bilinguisme est requis pour seulement 13 % des emplois, si on exclut la région de la capitale nationale, Ottawa-Gatineau.
Dans certaines institutions, comme l’Agence des services frontaliers, presque 100 % des postes au Québec sont classifiés comme bilingues, ce qui est loin d’être le cas ailleurs au pays, y compris dans la seule province qui compte deux langues officielles, le Nouveau-Brunswick.
Le bilinguisme au gouvernement fédéral, on va se dire les vraies choses, [...] c’est bon pour les francophones. C’est une affaire de francophones, reconnaît un employé de l’Agence des services frontaliers au Québec, sous le couvert de l’anonymat.
Cette source, qui n’est pas autorisée à parler publiquement, admet que bien des voyageurs doivent être servis en anglais quand ils passent la douane dans sa province, mais il ne comprend pas pourquoi on ne pourrait pas s’inspirer des accommodements qui existent dans l’ouest du pays.
En effet, au Canada anglais, ce ne sont pas tous les agents frontaliers qui maîtrisent les deux langues officielles. Les voyageurs qui souhaitent être servis en français peuvent choisir une file clairement désignée comme bilingue, où un employé les servira dans leur langue.
Dans un endroit comme l’aéroport Montréal-Trudeau, où tu as 18 lignes ouvertes en période de pointe, si on en avait une ou deux exclusivement en français, ça ne retarderait pas les opérations, lance-t-il, soulignant qu’il y aura toujours assez de voyageurs francophones pour les remplir.