Le bar rayé ne constitue pas une menace pour le saumon, selon le MELCCFP
Radio-Canada
Des pêcheurs de saumon se disent préoccupés par la présence du bar rayé, un poisson considéré comme vorace, dans la rivière Matapédia. Mais la population du saumon dans la rivière n’est aucunement menacée selon les données disponibles — au contraire, rassure une biologiste du ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP).
Au printemps, la biologiste Anne-Marie Pelletier faisait partie des équipes qui ont échantillonné la dévalaison des jeunes saumoneaux dans la rivière Matapédia. Des filets attachés à une plate-forme flottante ont permis de capturer les jeunes saumoneaux afin qu’ils soient mesurés et marqués d’une étiquette.
Cette année a été exceptionnelle. On a manqué de tags pour marquer tous les poissons! s’exclame Anne-Marie Pelletier au téléphone. Cette dernière travaille à la direction de la gestion de la faune au Bas-Saint-Laurent pour le MELCCFP.
La population de saumons de la rivière Matapédia se porte donc très bien, selon les échantillonnages réguliers réalisés grâce aux efforts conjoints de Pêches et Océans Canada (MPO), la Corporation de gestion des rivières Matapédia et Patapédia (CGRMP), The Gespe'gewa'gi Institute of Natural Understanding (GINU) et le MELCCFP.
Mais la présence du bar rayé, espèce vorace, pourrait-elle avoir des impacts sur le roi des rivières? La question inquiète des pêcheurs comme Pierre D’Amours, guide de pêche et biologiste de formation. Selon lui, le nombre de bars rayés a explosé dans la rivière cette année et on aurait trouvé des traces d’alevins et de tacons de saumon dans des estomacs de bars rayés. Paul D’Amours a d’ailleurs appelé les autorités à réaliser des études plus poussées sur le sujet lors d’une entrevue à l’émission D’Est en Est, mardi.
La population de bars rayés a explosé au cours des dernières années dans le golfe du Saint-Laurent. Une étude publiée en 2018 dans le Journal canadien des sciences halieutiques et aquatiques rapportait d’ailleurs que 18 % des saumoneaux étaient dévorés par des bars rayés lorsqu’ils dévalaient la rivière Miramichi, au Nouveau-Brunswick.
Les bars rayés dans ce secteur proviennent du golfe du Saint-Laurent, rassure toutefois Anne-Marie Pelletier. De temps en temps, ils vont rentrer en rivières, on voit ça depuis une dizaine d’années au Québec, observe-t-elle. Ils entrent en banc, tu n’en vois pas un, tu en vois des centaines!
Le bar rayé est un poisson qui a connu des difficultés au cours des dernières décennies. La population du fleuve Saint-Laurent a d’ailleurs disparu dans les années 1960, avant qu’un programme une réintroduction réussie dans le fleuve à partir d’individus provenant de la rivière Miramichi, au Nouveau-Brunswick.
La mémoire collective a un peu oublié [ce poisson], on ne les voyait plus au Québec, poursuit la biologiste. Mais ça fait très longtemps que ces deux espèces cohabitent naturellement [dans le golfe].