Langues officielles : un projet qui « manque de mordant » pour la fonction publique
Radio-Canada
Le projet de modernisation de la Loi sur les langues officielles, déposé la semaine dernière, néglige la question de la « langue de travail » dans la fonction publique fédérale, estime le vice-président régional exécutif pour la région du Québec pour l’Alliance de la fonction publique du Canada (AFPC), Yvon Barrière.
Je sais que certains ministères et [certaines] agences font l'effort, actuellement, lorsqu'ils sortent de nouveaux règlements, de nouvelles politiques ou de nouvelles normes, que ce soit en français et en anglais en même temps. Mais il y en a d’autres, c'est tout de suite en anglais et ils disent que le français va suivre. Et, très souvent, il ne suit pas, raconte M. Barrière en entrevue à Radio-Canada.
Des exemples de la sorte, celui qui compte 25 ans d’expérience dans la fonction publique fédérale dit en avoir beaucoup, citant les réunions uniquement en anglais ou le manque d’occasions professionnelles pour les francophones unilingues, y compris au Québec.
Il faudrait nous expliquer sans rire comment un fonctionnaire travaillant au Québec doit être bilingue pour obtenir un poste supérieur, alors que cette exigence n’est pas obligatoire pour un anglophone travaillant à Ottawa, a d’ailleurs récemment dénoncé le secrétaire général de la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ), Denis Bolduc, par voie de communiqué.
Des preuves d’un problème systémique, selon M. Barrière, qui cite également un sondage mené récemment auprès des membres de l’Alliance de la fonction publique du CanadaAFPC dans lequel 21 % des francophones ont répondu ne pas avoir pu s’exprimer dans la langue officielle de leur choix durant les réunions.
Le représentant syndical attendait donc avec impatience le dépôt du projet de modernisation de la Loi sur les langues officielles, promis de longue date par le gouvernement libéral.
Lorsqu’elle a présenté sa réforme, la ministre Petitpas Taylor a promis une loi avec « plus de mordant ». Du côté de la fonction publique, celle-ci manque encore de force, estime M. Barrière.
« On n'a pas de mordant dans le cadre de la fonction publique fédérale. »
Il existe un problème culturel systémique, bien ancré et profondément installé dans l'appareil gouvernemental fédéral actuellement. On tient pour acquis que c’est en anglais d’abord, et ensuite en français. Et ce n'est pas ce projet de loi qui va réellement changer la donne, dit-il.