Langues officielles : deux minorités, deux réalités, soutient la ministre LeBel
Radio-Canada
Dans sa réforme de la Loi sur les langues officielles, le gouvernement fédéral doit avoir des approches complètement différentes envers la minorité anglophone du Québec et les minorités francophones ailleurs au pays, est d'avis la ministre québécoise des Relations canadiennes.
Sonia LeBel a choisi une façon plutôt inhabituelle de passer son message aux élus fédéraux. Elle a fait parvenir cette semaine une liste de 14 amendements aux députés qui étudient actuellement le projet de loi à Ottawa.
D'entrée de jeu, elle demande que le préambule de la loi soit modifié pour que le gouvernement fédéral y précise que [...] la minorité anglophone du Québec et les minorités francophones des autres provinces et territoires ont des besoins différents, peut-on lire dans le document transmis aux membres du Comité permanent sur les langues officielles, dont Radio-Canada a obtenu copie.
Dans l'entourage de la ministre LeBel, on justifie ce changement en mettant en opposition les luttes des francophones hors Québec pour obtenir leurs écoles et le réseau bien établi d'établissements d'enseignement anglophones au Québec.
La ministre québécoise va plus loin en proposant de changer complètement le titre d'un chapitre de la loi qui vise à faire la promotion des deux langues. Alors que la ministre fédérale des Langues officielles, Ginette Petitpas Taylor, l'a intitulé : Épanouissement des minorités et promotion du français et de l’anglais, Sonia LeBel inverse les priorités et supprime le mot « anglais » du titre, en proposant plutôt d'inscrire dans la loi : Promotion du français et épanouissement des minorités.
Elle juge ce changement nécessaire en raison de la situation minoritaire du français qui, selon elle, a davantage besoin d'être promu que l'anglais.
Parmi les autres propositions, Sonia LeBel ne veut pas que le gouvernement se limite à prendre des mesures pour s'assurer que les communications et la prestation de services dans ses institutions soient offertes dans les deux langues officielles.
Elle demande plutôt qu'au Québec, le français ait préséance. Cela signifie que, dans les communications bilingues du gouvernement, par exemple en matière d'affichage, le français devrait occuper une plus grande place que l'anglais.
Au sujet de l'usage du français au sein des entreprises privées dont les activités sont de compétence fédérale, sans grande surprise, la ministre des Relations canadiennes propose de complètement rayer du projet de loi fédéral l'article qui permet à une entreprise de choisir entre la loi canadienne et la Charte québécoise de la langue française. Québec réclame le droit d'imposer sa réforme de la loi 101 à toutes les entreprises de compétence fédérale sur son territoire.