La vision énergétique de Pierre Fitzgibbon, entre croissance et sobriété
Radio-Canada
À peine renommé ministre de l'Économie et promu avec des responsabilités politiques majeures, Pierre Fitzgibbon a laissé entendre que les Québécois devront se plier à une forme de sobriété énergétique dans les prochaines années si la province veut respecter ses engagements environnementaux.
Nous consommons beaucoup trop d’électricité comme résidents, a déclaré d’emblée le ministre de l’Économie à la sortie de la cérémonie de prestation de serment du nouveau Conseil des ministres.
Reconduit dans ses fonctions économiques par François Legault, M. Fitzgibbon a aussi hérité d’importants pouvoirs en matière d’Innovation et d’Énergie.
S’il souhaite utiliser l’énergie renouvelable pour créer de la richesse collective et pour réaliser nos objectifs de lutte aux changements climatiques, Pierre Fitzgibbon a aussi glissé subrepticement le concept de sobriété énergétique alors qu'une pénurie en électricité se profile à l’horizon 2030.
Au cœur du dilemme, cette question : le développement industriel et économique du Québec a besoin de beaucoup d'énergie. Est-ce que, pour compenser, il faudra imposer une sobriété aux particuliers?
Interpellé sur d’éventuelles actions pour forcer les Québécois à limiter leur consommation en électricité, Pierre Fitzgibbon a confirmé des mesures à venir et souligné le rôle qu’Hydro-Québec jouait dans ce dossier.
Il y a beaucoup de travail à faire pour moduler la consommation, et ça, Hydro-Québec l’a sous contrôle, a déclaré le ministre, évoquant même la question de l’exécuter le plus vite possible, parce qu’il y a une source de térawattheures qu’Hydro-Québec peut prendre pour les mettre ailleurs, a-t-il ajouté, sans toutefois préciser ce qu’ailleurs signifiait.
Le défi est de taille : le Québec aura besoin de 100 térawattheures (TWh) additionnels d'énergie si la province veut atteindre la carboneutralité d'ici 2050, selon le plan stratégique 2022-2026 déposé par Hydro-Québec. Cela représente près de la moitié de la production annuelle de la société d'État.
Selon plusieurs médias, la PDG d'Hydro-Québec, Sophie Brochu, aurait menacé de démissionner si le gouvernement Legault donnait la priorité à des projets énergivores au détriment d'autres favorables à l’environnement, ce qui pourrait mettre à risque le système énergétique de la province.