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La violence armée, ça suffit!
TVA Nouvelles
La violence armée en hausse à Montréal l’an passé a culminé avec les morts de quatre adolescents dans les dernières semaines. L’éminent criminologue québécois Maurice Cusson propose des solutions basées sur l’expérience de Boston pour réduire les fusillades. Comment réduire les tueries ? En ciblant les points chauds. Ainsi, les policiers et intervenants de rue ont rencontré les délinquants avant qu’ils commettent l’irréparable.
Quatre adolescents sont morts dans les derniers mois, dont trois victimes de coups de feu. Est-ce que la violence armée à Montréal va empirer dans les prochaines années ?
Les gangs de rue, ça existe depuis longtemps à Montréal ; ce qui est nouveau, c’est que les jeunes se tirent dessus. Malheureusement, plus il y a d’armes en circulation, plus il va y avoir d’incidents comme ceux qu’on a vus au cours des derniers mois. C’est une adéquation qui est bien documentée en criminologie, à partir de ce qu’on observe dans les villes américaines où les homicides par arme à feu sont parmi les plus élevées au monde. Dans la métropole du Québec, on dénombre environ 25 meurtres par an (ndlr: on en a dénombré 37 en 2021). Ça semble beaucoup, mais c’est peu en comparaison des taux des grandes villes américaines, où ce chiffre peut atteindre plusieurs centaines chaque année.
Est-ce que la pandémie a exacerbé le problème ?
Il faudrait étudier la chose scientifiquement, mais mon impression, c’est que le fait d’être isolés pendant des mois a contribué à augmenter la violence armée. On sait que les jeunes ont un immense besoin de se socialiser ; ils en ont été privés pendant des mois. Au moment de retrouver un peu de liberté, les membres de gangs ont été plus impulsifs.
Qu’est-ce qui pousse les jeunes à obtenir des armes à feu et à les utiliser ?
La peur. Vous savez, les délinquants ne sont pas différents du commun des mortels. Ils veulent sauver leur peau. S’ils apprennent que les bandes rivales jouent du pistolet, ils comprennent vite qu’ils n’ont pas [d’autre] choix [que] de s’armer eux aussi. C’est l’escalade de la terreur, et il y a des dérapages.
Vous mentionnez dans un article scientifique qu’il faut se concentrer sur les « points chauds » du crime ; que voulez-vous dire ?
Il faut y envoyer des policiers, des travailleurs sociaux, et même, éventuellement, des parents de victimes pour expliquer aux jeunes ce qu’ils risquent. Une bonne partie des jeunes criminels ne réalisent pas qu’ils risquent de passer des années en prison s’ils versent dans les homicides.