La validité des travaux d’un chercheur canadien remise en question dans Science
Radio-Canada
Les travaux consacrés aux produits à base d'herbes médicinales publiés en 2013 par le botaniste Steven Newmaster et son équipe de l’Université de Guelph seraient basés sur des données falsifiées, révèle une enquête de la revue Science (Nouvelle fenêtre) publiée cette semaine.
Le Pr Newmaster concluait que la majorité de ces suppléments à base d'herbes disponibles sur le marché, comme l'échinacée et le ginkgo biloba, contenaient des ingrédients qui n’étaient pas inscrits sur l'étiquette, des agents de remplissage et des contaminants dangereux pour la santé.
Pas moins de 44 produits de 12 compagnies avaient été testés à l’aide d’une technique d’analyse de l'ADN appelée codage à barres (barcoding) moléculaire, qui utilise un morceau de séquence génétique pour identifier à quelle espèce l'ADN en question appartient. Seules deux de ces entreprises avaient fourni les produits indiqués, sans substitutifs, contaminants ou agents de remplissage.
Près de 60 % des échantillons analysés contenaient des espèces végétales qui n’apparaissaient pas sur l'étiquette. De plus, les chercheurs avaient repéré des substitutifs dans 32 % des échantillons, tandis que plus de 20 % contenaient des agents de remplissage non dévoilés, comme du riz, des fèves de soya et du blé.
À l’époque, cet article publié dans BMC Medicine avait retenu l’attention de nombreux médias, dont le New York Times et Radio-Canada, et avait créé une onde de choc dans l’industrie des suppléments.
À la suite de cette publication, le Pr Newmaster est rapidement devenu une autorité en matière de vérification des ingrédients alimentaires. Il a même créé des entreprises de certification qui ont rapidement été sollicitées par les fabricants de suppléments pour authentifier leurs produits. En 2017, le Pr Newmaster a créé une alliance de recherche sur les produits de santé naturels (NHPRA) avec l’Université de Guelph, dont l’objectif est d’améliorer les technologies de certification des suppléments.
Dans son enquête publiée dans Science, le journaliste Charles Piller rapporte que huit experts ont envoyé en juin 2021 une lettre à l'Université de Guelph décrivant les problèmes repérés dans l’étude et dans deux autres recherches réalisées par le Pr Newmaster et son équipe.
Les signataires de cette lettre, dont deux coauteurs d’articles suspects qui affirment avoir été dupés par le chercheur, expliquent que les données sur lesquelles étaient basés ces travaux reposent sur des informations incomplètes, frauduleuses ou même plagiées. Ils accusent aussi Steven Newmaster de ne pas avoir divulgué l’entièreté de ses intérêts financiers dans ses articles.
Le professeur n'a pas répondu aux demandes d'entrevue de Science, mais il a rejeté toutes les accusations dans une déclaration envoyée à l’université.