La tâche difficile et ingrate de messager de la mort
TVA Nouvelles
Quand ils rêvent de devenir policiers, les jeunes s’imaginent surtout poursuivre des bandits ou résoudre des meurtres nébuleux. Mais une tâche qui vient avec ce métier exigeant est d’annoncer un décès aux familles. Un rôle détesté, car peu importe le bagage, l’expérience ou le grade, on ne peut jamais être préparé à livrer une telle nouvelle. Des policiers ont accepté de confier des moments qui les ont marqués lorsqu’ils ont dû être le « messager de la mort ».
Un jeune père qui s’était enlevé la vie dans la maison familiale s’est avéré être le premier cadavre, le premier suicide et la première annonce de décès de l’agente Judith Ouimet. Elle n’oubliera jamais cette journée qui demeure l’une des plus bouleversantes de sa vie.
Une matinée ensoleillée et froide d’hiver, la policière de Terrebonne, sur la Rive-Nord de Montréal, est appelée à se rendre dans une résidence familiale à la suite d’un appel au 911. Sur les lieux, son partenaire et elle tombent sur une jeune maman. Bouleversée, elle hurle sans cesse.
« Elle avait son bébé dans les bras, mais n’était clairement pas en état d’en prendre soin à ce moment-là, raconte l’agente, qui se souvient encore des moindres détails. Elle venait de trouver son conjoint pendu à une corde dans la descente d’escaliers du sous-sol. »
Fraîchement sortie de l’école, Judith Ouimet n’avait encore jamais vu de cadavre ni annoncé de décès. Elle était dans tous ses états, mais tenait à avoir l’air solide pour épauler la mère dans cette épouvantable épreuve.
Son instinct maternel l’a alors immédiatement guidée vers le bébé et la maman, pendant que son partenaire a accompagné les ambulanciers jusqu’à l’hôpital afin de constater le décès.
« J’ai dû faire manger l’enfant, changer sa couche, entre autres, dit-elle. La mère était complètement bouleversée, avec raison. »
Ce qu’elle ne savait pas à ce moment, c’est que les parents du défunt devaient arriver d’une minute à l’autre, en surprise, afin de célébrer l’anniversaire de leur fils.
« Je me disais : “c’est pas vrai, ça se peut pas, c’est-tu une mauvaise joke ? C’est pas possible que ce soit ça, ma première annonce de décès”. »