La Suède, la Turquie et l’OTAN : la question kurde (l’épine kurde)
Radio-Canada
En Suède, une députée qui est aussi kurde surveille comme le lait sur le feu ce que son pays fera comme concession pour éviter que la Turquie ne mette son veto pour bloquer sa demande d’adhésion à l’OTAN.
Elle s’appelle Amineh Kakabaveh. C’est une ancienne peshmerga, elle a été combattante kurde iranienne à l’âge de 13 ans… Députée indépendante au Parlement de Suède, elle brandit son vote comme moyen de pression sur le gouvernement suédois pour qu’il ne cède pas au chantage du Président turc Recep Tayyip Erdogan : sa voix est cruciale pour le gouvernement social-démocrate, minoritaire.
Amineh Kakabaveh est une femme pressée, une boule d’énergie.
La quadragénaire est fébrile quand elle nous accueille au Parlement de Suède entre deux rendez-vous en s’excusant à profusion pour son retard, et quand elle nous entraîne d’un bon pas, en traversant la cafétéria pour y remplir deux verres d’eau au passage, vers une grande salle où va se dérouler notre entretien.
C’est la plus belle salle, celle où le Président du Parlement tient ses réunions, lance-t-elle en embrassant l’endroit du regard avec un grand sourire.
Amineh Kakabaveh est l’une des quelque 100 000 Kurdes qui vivent en Suède. Son sourire devient moqueur quand elle assure qu’elle représente tout ce que le Président turc Recep Tayyip Erdogan déteste.
Elle soutient que ça le rend fou de voir une femme, une Kurde, une socialiste en train de défendre les droits de sa communauté et les droits de la personne, ici. Dans cette Chambre où elle a fait son entrée il y a 14 ans; à l’époque, c’était sous la bannière du Left Party (le Parti de gauche).
Pour le président Erdogan, le Parlement suédois est un repaire de terroristes, ce que dément vigoureusement Stockholm.
Et parmi ce qu’il exige de la Suède comme preuve qu'elle partage ses préoccupations sécuritaires et pour obtenir un aval à son adhésion à l’OTAN, le gouvernement turc revient à la charge avec ses demandes d’extraditions- toujours déboutées jusqu’ici- de personnes soupçonnées d’avoir des liens avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).