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La santé publique cherchait comment justifier le couvre-feu, 6 heures avant l’annonce
Radio-Canada
Une situation étonnante s'est déroulée le jour de l'annonce du retour du couvre-feu au Québec, le 30 décembre. Alors que la veille, en coulisses, Horacio Arruda avait officialisé sa recommandation favorable, des courriels inédits révèlent que l'ex-directeur national de santé publique cherchait encore des études pour justifier cette décision, six heures avant la conférence de presse.
Il est 10 h 31, le 30 décembre, quand l'adjointe d'Horacio Arruda écrit, en son nom, au vice-président associé aux affaires scientifiques de l'Institut national de santé publique du Québec (Institut national de santé publique du QuébecINSPQ), Éric Litvak, et à la conseillère médicale stratégique sénior de la santé publique, Marie-France Raynault.
« Horacio souhaite que vous et vos équipes (!) lui fournissiez un argumentaire en lien avec le couvre-feu en prévision des questions des journalistes en conférence de presse de 17 h ce soir. »
Le Dr Arruda veut savoir deux choses : 1) Quelles sont les études? 2) Qu'est-ce qui se fait ailleurs? Et le courriel précise qu'il souhaite le tout dans un argumentaire serré.
À 14 h 36, moins de trois heures avant la conférence de presse, Éric Litvak lui répond que c'est impossible.
« Du côté de l'INSPQ, nous n'avons pas d'analyse existante qui porte spécifiquement sur le couvre-feu et nous sommes malheureusement dans l'impossibilité d'en produire une aujourd'hui, avec un si court avis. »
Toutefois, Éric Litvak a gardé du matériel qu'il avait utilisé lorsqu'il travaillait à la Direction nationale de santé publique et qu'il avait lui-même suggéré le premier couvre-feu, en janvier 2021. Il lui fait parvenir ces documents.
Il s'agirait des études étrangères et ontarienne, citées par le ministère dans un communiqué, le soir même de l'annonce, et critiquées par la suite.
L'opposition demande depuis des semaines que le gouvernement dévoile les avis scientifiques liés au couvre-feu.