La saga des avions F-35 et l’indécision d’Ottawa
Radio-Canada
On a tendance à l’oublier. Voilà maintenant un quart de siècle que l'histoire d’une potentielle acquisition du F-35 par le Canada a commencé.
C’est en 1997 que le gouvernement libéral de Jean Chrétien avait décidé qu’Ottawa avait tout avantage à joindre un consortium multinational dirigé par les États-Unis pour la production d’un nouvel avion de combat interarmées. Sans promettre de l’acheter, le Canada a accepté de participer financièrement à son développement.
En l’espace de 25 ans, le F-35 a révélé tout ce qui est dysfonctionnel dans l'approche du Canada en matière d'acquisition de défense.
À l’été 2010, le gouvernement conservateur de Stephen Harper a voulu en mettre plein la vue en annonçant l’achat de 65 appareils F-35 de Lockheed Martin. Remplacer les CF-18 vieillissants aurait dû être un processus simple. Il a plutôt tourné au fiasco, les conservateurs ayant procédé sans appel d’offres concurrentiel.
« La politisation a souvent été le plus grand ennemi du remplacement des avions de chasse canadiens. »
Comme l’expert en politiques étrangères et en défense canadienne Stéphane Roussel le rappelle si bien, c’est la politisation qui a fait déraper les choses, le F-35 est rapidement devenu un symbole pour dénigrer l’adversaire politique.
Le gouvernement Harper a voulu faire de l'acquisition du F-35 un outil, un moyen utile d'améliorer son sort politique. Mais les choses ont basculé quand les Canadiens ont découvert qu’au lieu de 9 milliards de dollars, la flotte de 65 F-35 coûterait en fait près de 3 milliards de dollars.
Le vérificateur général allait ensuite conclure dans un rapport accablant que le processus d'acquisition avait été bâclé. Rien pour aider la cause du gouvernement Harper et des F-35.
Les libéraux n’ont pas hésité à saisir toutes les occasions d’utiliser le F-35 contre les conservateurs. Faut-il rappeler que juste avant de prendre le pouvoir en 2015, le chef libéral Justin Trudeau s'est engagé en campagne électorale à ne pas acheter ces avions de Lockheed Martin.