La Russie peut-elle contourner les sanctions internationales par la cryptomonnaie?
Radio-Canada
Le conflit en Ukraine donne une dimension géopolitique à la cryptomonnaies. Certains craignent que les monnaies numériques puissent aider la Russie à contourner les sanctions des pays occidentaux, mais des experts doutent que leur utilisation soit suffisamment généralisée pour nuire aux mesures adoptées.
Le mois dernier, l’invasion de l’Ukraine a déclenché une vague de mesures répressives contre la Russie. Ces sanctions l’isolent de plus en plus des systèmes internationaux de transactions monétaires et bancaires.
Certaines plateformes d'échange de cryptomonnaie échappent toutefois aux sanctions internationales, surtout si elles font affaire dans des pays qui n’ont n’y ont pas adhéré, soutient Daromir Rudnyckyj, professeur d’anthropologie à l’Université de Victoria, qui dirige le nouveau laboratoire d’étude sur les évolutions de la monnaie, le Counter Currency Lab.
Les Russes pourraient ainsi utiliser des portefeuilles numériques pour remplacer leurs roubles par de la monnaie virtuelle, comme le bitcoin, et effectuer leurs transactions en contournant les mesures punitives adoptées à leur encontre.
Les pays du G7 et l'Union européenne, conscients du problème, ont d'ailleurs cherché des solutions pour éviter que le scénario se produise.
Si ce scénario est possible, Daromir Rudnyckyj estime qu’il y a peu de chance que l’utilisation de cryptomonnaies soit tel qu'elle sape les sanctions adoptées par les pays occidentaux.
Cet argent numérique reste encore souvent utilisé comme façon d’épargner plutôt que comme monnaie d’échange, dit-il. Il rappelle tout de même que cette tendance peut changer.
Sur une échelle globale, si on parle de commerce de pétrole ou de blé, d’achat de puces électroniques, ces transactions essentielles, il serait très difficile de les faire à présent, affirme-t-il.
« C’est peu probable que les Russes changent leurs roubles en cryptomonnaie pour aller acheter leur pain ou de l’eau minérale. »