La responsabilité du conseil d’administration d’Air Canada
Radio-Canada
Faut-il se scandaliser du fait que le patron d’Air Canada ne sente pas le besoin, après 14 ans de vie au Québec, de devoir apprendre le français? Est-ce la réponse de Michael Rousseau qui doit nous étonner ou le choix du conseil d’administration de nommer une personne unilingue anglophone à la tête de la société?
Les propos de Michael Rousseau soulèvent toutes sortes d’émotions. Comment se fait-il qu’un dirigeant de la trempe du PDG d’Air Canada puisse se permettre de prononcer une conférence uniquement (à 99 % disons) en anglais devant un parterre de gens d’affaires à Montréal? Comment peut-il se permettre de dire qu’il n’a pas le temps d’apprendre le français et qu’il n’a pas vraiment besoin de le faire, étant donné qu’il vit ici depuis 14 ans sans aucune difficulté?
Une fois que nous avons exprimé notre étonnement, notre colère ou notre désarroi face aux propos de Michael Rousseau, il faut maintenant orienter notre attention vers la Loi sur les langues officielles et le travail du conseil d’administration d’Air Canada.
Air Canada est une entreprise privée, cotée en bourse, dont les activités sont de compétence fédérale, comme les banques, les traversiers et les sociétés de télécommunications. La compagnie aérienne, qui a déjà été une société publique fédérale, est assujettie à la Loi sur les langues officielles du Canada.
Cette loi a pour fonction d’assurer le respect du français et de l’anglais à titre de langues officielles du Canada, leur égalité de statut et l’égalité de droits et privilèges quant à leur usage dans les institutions fédérales. Elle vise aussi à encourager les entreprises, les organisations patronales et syndicales, ainsi que les organismes bénévoles canadiens à promouvoir la reconnaissance et l’usage du français et de l’anglais.
En choisissant de confier le poste de PDG de son organisation à Michael Rousseau, après le départ de Calin Rovinescu en début d’année, Air Canada ne semble pas avoir tenu compte de la Loi sur les langues officielles. À tout le moins, l’esprit de la loi n’est pas respecté puisque le PDG n’est pas capable de parler en français, de comprendre un commentaire en français et de faire l’effort d’apprendre le français, l’une des deux langues officielles du Canada et la langue officielle du Québec.
C’est au conseil d’administration de s’assurer de bien choisir le PDG de l’organisation. Les membres du C. A. reçoivent 195 000 $ par année pour faire leur travail. Il y a eu 22 réunions du conseil d’administration d'Air Canada en 2020.
Le conseil d'Air Canada est présidé par Christie J.B. Clark, un comptable qui a dirigé dans le passé la firme PricewaterhouseCoopers. En plus d’Air Canada, il siège aux conseils de SNC-Lavalin, de Loblaw et du Comité olympique canadien. Il a siégé, dans le passé, au conseil d’Hydro One. Il habite à Toronto. En plus de la rémunération de base de 195 000 $, le président du conseil touche également 220 000 $ en honoraires supplémentaires.
Sur les 12 membres du conseil, il n’y a que trois personnes qui résident au Québec, même si le siège social d’Air Canada est à Montréal : le PDG lui-même, Michael Rousseau, l’avocat Jean-Marc Huot, de Stikeman Elliott, et la femme d’affaires Madeleine Paquin, PDG de Logistec Corporation.