La reconstruction, le bon grain et l’ivraie
Radio-Canada
De la présence surprise de Shea Weber, qui rappelait douloureusement son propre départ, à l’organiste Diane Bibaud qui, maligne, a improvisé Wind of Change sur son clavier, tout, au Centre Bell lundi soir, concordait pour mettre un point final à la saga Marc Bergevin des dernières 48 heures. De la dernière décennie.
On pourrait ajouter la détermination futile de son (ancienne) équipe battue 2-1 par les moribonds Canucks de Vancouver tout à fait en concordance avec l’ère du temps chez le Canadien.
Geoff Molson l’a dit, le CH doit tourner la page. Alors les joueurs ont offert un bel hommage à leur ancien patron après la rencontre, à défaut d’être en mesure de le faire pendant.
On dit les joueurs, mais en fait il s’agit surtout de Brendan Gallagher. Josh Anderson a été plus laconique, bien qu’il ait défendu le bilan de Bergevin et ses acquisitions du dernier été. Son humeur, tiède, était peut-être simplement le reflet du compétiteur blessé d’avoir perdu un 18e match en 24 sorties.
Gallagher, lui, la grande constante de l’époque Bergevin avec Carey Price, les deux seuls joueurs qui l’ont accompagné tout du long d’ailleurs, a été dithyrambique à son égard.
Il a rappelé qu’il n’y a certainement pas beaucoup de directeurs généraux auraient voulu garder un petit joueur, choix de 5e tour, qu’ils ne connaissaient pas.
Il m’a donné une chance, a-t-il ajouté. Depuis ce temps, j’ai toujours pu compter sur lui.
À partir de maintenant, comme un peu tout le monde, Gallagher avance dans le noir. Il tâtonne à la recherche de repères. Malgré sa vaste expérience, ses presque 700 matchs (séries incluses), ses plus de 200 buts (séries incluses), ses nombreuses blessures, ses hauts et ses bas, sa présence en finale et ses saisons catastrophiques à compter les défaites, Gallagher n’a jamais traversé un changement de régime dans la LNH.
Il a connu trois entraîneurs, il a vu de nombreux amis partir, mais Marc Bergevin a été son seul patron. Un patron prêt à verser des larmes en public pour lui démontrer toute son affection. Un patron qui l’a appelé en pleine négociation contractuelle quand les pourparlers déraillaient entre l’organisation et l’agent du joueur pour lui rappeler à quel point il tenait à lui et le lui prouver le lendemain en allongeant 39 millions de dollars.