
La réforme Drainville en français sera-t-elle un échec? Très possible
TVA Nouvelles
La réforme Drainville en français sera-t-elle un échec? Très possible.
Le passé étant garant de l’avenir, la réforme Drainville risque d’être un échec.
Il est important de noter qu’au cours des 55 dernières années, les nombreuses réformes pédagogiques ont toutes été, ou presque, développées et défendues par des professeurs de facultés d’éducation. Malencontreusement, après le rapport Parent, aucune de ces réformes n’a été un succès.
Le Programme de français en 1979, la Nouvelle grammaire en 1995 et le Renouveau pédagogique en l’an 2000 poursuivaient tous, au moins implicitement, un ou plusieurs de ces objectifs: 1) améliorer le rendement de l’ensemble des enfants, et plus particulièrement, 2) le rendement des garçons et des enfants à risque, 3) tout en diminuant le décrochage scolaire. Aucune de ces réformes n’a atteint ces objectifs.
Le taux de décrochage au secondaire
Le taux de décrochage a baissé dans les dernières années, en restant tout de même à un niveau stratosphérique. Cette baisse n’est nullement attribuable aux réformes pédagogiques; elle semble être conséquente, entre autres, à l’ajout au secondaire d’avenues moins exigeantes (voies professionnelles) pour donner accès à une plus grande diplomation.
Cela dit, l’obtention d’un diplôme au secondaire est une norme désuète du XXe siècle. Au XXIe siècle, une scolarité postsecondaire de niveau CÉGEP devrait être la norme. D’ailleurs, d’ici 2031, 71% des emplois futurs nécessiteront minimalement une formation postsecondaire (EDSC [2022]. Système de projection des professions au Canada. 2022-2031).
En 2023, le Québec a un taux de décrochage au secondaire de 16%, un des plus élevés au Canada (moyenne canadienne: 11%). Afin d’avoir une certaine perspective face à cette donnée, en 2023, Singapour a 1 % de décrochage, la France en a 8,9 %, la Belgique en a 6,4 %, la Croatie en a 2 % et la Roumanie en a 16,6 % (moyenne en Europe : 9,5 %). Le Québec a donc un taux de décrochage qui le place parmi les derniers au Canada et avant-dernier s’il était un pays européen.
Le système scolaire québécois est inefficace au chapitre du décrochage scolaire (Homsy et Savard, 2018). Ce taux représente, tout de même, des milliards de pertes pour l’économie québécoise (± 14 milliards annuellement; voyez Laurin, 2024 pour une analyse régionale), sans parler des variables personnelles associées (ex.: problèmes de santé mentale/dépendance; problèmes avec la justice; chômage fréquent et revenus réduits; longévité moindre...).