La réduflation, facette méconnue mais bien réelle de la montée des prix
Radio-Canada
Le contenant de jus d’orange à l’épicerie vous semble plus petit qu'avant et la boîte de biscuits, plus légère, même si leurs prix n'ont pas baissé? Vous n’avez pas la berlue. Une foule de produits sont l’objet d’un phénomène appelé « réduflation ». Ce qui veut dire qu'en fin de compte, vous payez plus... pour moins.
C'est de plus en plus fréquent dans à peu près tous les domaines, il n'y a en a presque pas un qui y échappe, que ce soit dans les chocolats, le détergent à lessive, en passant par la mayonnaise, explique le professeur en marketing alimentaire à l’Université Concordia Jordan LeBel.
Ce sont surtout les grandes industries productrices de biens de consommation emballés qui vont pratiquer [ce sous-dimensionnement], fait-il remarquer. Votre papier toilette va peut-être avoir dix carrés de moins par rouleau, idem pour les essuie-tout, dit-il.
Les entreprises vont généralement s’en tenir à des réductions de 5 à 6 % du poids ou du volume pour un produit qui demeure en apparence similaire. À l'œil, on ne verra pas la différence; c’est sous le seuil de détection de l’humain. Sauf que quand c’est fait à répétition, par exemple pour le contenant de jus d’orange qui est passé en quelques années de 2 l à 1,89 l, puis à 1,75 l et finalement à 1,5 l, au bout d’un moment, on le remarque, poursuit M. LeBel.
La stratégie n’est pas nouvelle, elle fait son apparition dans les années 70, au moment où se font ressentir de fortes pressions inflationnistes. Et puis, autour de 2008, avec la crise financière [et la flambée du prix des matières premières], on a vu encore une accélération de ces tactiques-là.
Lorsque les prix grimpent comme en ce moment, il devient de plus en plus difficile pour les fabricants d’absorber à la fois les coûts élevés des matières, du transport et de la main-d’œuvre, un problème accentué par les pénuries. La réduflation est une façon pour les manufacturiers de mieux faire avaler la pilule aux consommateurs.
Il y a toutes sortes de trucs, continue l’expert en marketing. Dans les sachets de croustilles, on ajoute de l’air. Sous le pot de condiments ou la bouteille de jus, on amplifie le renflement de l’emballage plastique, réduisant du coup la quantité de produit à l’intérieur.