
La réduction du cheptel d’orignaux dans la zone 17 soulève des préoccupations
Radio-Canada
La réduction importante du cheptel d'orignaux dans la zone 17, située dans le Nord-du-Québec, préoccupe les Cris, les élus jamésiens et les chasseurs.
L’étude d’inventaire réalisée en janvier dernier par les Cris, en collaboration avec le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs, fait en effet état d’un déclin de 35 % du cheptel doublé d'un faible taux de reproduction des orignaux depuis 2009. Selon un article du magazine The Nation, les Cris réclamaient cet inventaire depuis des années.
La zone 17 est située en territoire conventionné. Elle touche les municipalités de Matagami, Lebel-sur-Quévillon, Chapais et Chibougamau. Elle comprend les aires de trappe de Waskaganish, Waswanipi et Oujé-Bougoumou. En vertu de la Convention de la Baie-James, c’est au Comité conjoint de chasse, de pêche et de piégeage de faire des recommandations au ministère sur ce territoire.
C’est un comité formé de différents intervenants, des membres du gouvernement du Québec, du gouvernement du Canada, des membres des nations crie, inuite et naskapie. Ce comité a pris connaissance du rapport et fera des recommandations finales prochainement. Moi, je travaille à ce que ce soit les plus tôt possible parce qu’il y a beaucoup d’insécurité, a indiqué le député d’Ungava, Denis Lamothe, lors d’une entrevue qu’il a accordée le 18 octobre à la station CHEF-FM de Matagami.
La grande cheffe de la Nation Crie, Mandy Gull-Masty, a invité les élus jamésiens à s’impliquer dans la recherche de solutions pour redresser la situation tout en limitant les impacts sur les activités de chasse sportive et de subsistance. Les mairesses de Chapais et de Chibougamau ainsi que les maires de Lebel-sur-Quévillon et Matagami se sont donc réunis avec la grande cheffe, le vice-grand chef et les chefs des communautés cries.
Ils sont en train de travailler à se faire un plan de gestion de l’orignal. C’est au comité conjoint de faire des recommandations, mais ce que la grande cheffe nous dit c’est: est-ce qu’on peut s’asseoir avec les Jamésiens? Donc, eux de leur côté font du travail avec leurs maîtres de trappe, mais ils nous disent, vous autres, c’est quoi les solutions que vous pouvez nous proposer? On salue ça. C’est pour ça qu’on prend ça très sérieusement, pour justement avoir des solutions qui tiennent la route et qui ont du sens. Parce que c’est ça l’enjeu, c’est la chasse sportive chez nous, fait valoir Manon Cyr, mairesse de Chibougamau.
Les élus jamésiens veulent soumettre leurs propositions à court terme. Tous les intervenants souhaitent être fixés rapidement en prévision de la prochaine saison de chasse à l’orignal.
Plusieurs chasseurs du Nord-du-Québec et de l’Abitibi-Témiscamingue se sentent écartés du processus. Échaudés par le récent moratoire sur la chasse à l’orignal dans la Réserve faunique La Vérendrye, ils craignent le pire dans ce dossier.
C’est sûr que la situation nous inquiète. On essaie de poser des questions, on essaie d’avoir des rencontres, on essaie de parler à des personnes pour avoir plus d’informations, mais on n’a pas de retours d’appels. Si on n’a pas la chance de se faire écouter, de se faire entendre, et d'apporter des solutions, une gang de chasseurs ensemble pour protéger la zone 17, bien dans les années futures, ça va être la 17, ça va être la 22, ça va être la 16 qui vont être touchées, estime l’Amossois Martin Caron, qui possède un camp de chasse dans le secteur de Matagami.