La réalité virtuelle utilisée pour vaincre l’anxiété sociale
TVA Nouvelles
En plongeant des personnes anxieuses dans une classe virtuelle, une chercheuse montréalaise en psychologie propose une méthode novatrice pour traiter les phobies sociales.
Arrivée à Montréal d’Amérique latine en janvier 2020 pour ses études universitaires, Gabriella (nom fictif) a été soulagée d’apprendre que les cours seraient donnés à distance. Souffrant d’anxiété sociale, elle n’avait pas à affronter un groupe d’étudiants.
« Le fait de me retrouver du jour au lendemain dans une salle de classe me terrorisait, littéralement », explique au Journal celle qui préfère garder l’anonymat.
Quand on a annoncé le retour en classe, ses appréhensions étaient telles qu’elle a failli abandonner ses études. Elle a toutefois entendu parler d’une intervention clinique pour traiter son anxiété.
« Ça a été un succès », dit-elle deux mois après la fin de la thérapie menée par l’équipe de Tania Lecomte, professeure au Département de psychologie de l’Université de Montréal, et financée par la fondation Canada vie.
« Les personnes qui souffrent d’anxiété sociale ont une peur disproportionnée du regard des autres », explique la directrice du laboratoire L’Espoir, qui a mis sur pied cette approche unique au monde par son réalisme technologique.
Forte de ses 20 ans d’expérience auprès de personnes souffrant de troubles psychotiques et de schizophrénie, la professeure Lecomte souligne qu’il y a peu de traitements contre l’anxiété sociale.
Au cours des 18 séances s’étalant sur six semaines, la personne met un casque où elle se retrouve au milieu d’une salle de classe virtuelle, mais très réaliste. Les visages de synthèse observent le participant, et celui-ci apprivoise peu à peu ces regards.
« Nos sujets ont souvent de la difficulté à interpréter correctement certaines émotions faciales, explique la chercheuse. Ils croient voir dans un regard neutre un jugement négatif, ce qui augmente l’anxiété sociale. Le traitement que nous proposons rectifie ce processus. »