La réalité des travailleurs sociaux La réalité des travailleurs sociaux
Radio-Canada
Le 9 septembre 2021, elle a choisi de quitter le réseau public pour se lancer dans le privé. Il y a beaucoup de raisons. Le contexte de travail n’était pas super agréable avant la pandémie, mais depuis, c’est de pire en pire. Manque de reconnaissance, pression, la lourdeur des cas qu’on voit… Il y a de plus en plus de demandes et de moins en moins d’intervenantes, les listes de rappel pour les intervenantes sont vides, donc les postes vacants ne sont pas comblés. J’avais beaucoup de collègues en arrêt de travail aussi, donc tout ça m’a amenée à un arrêt de travail, témoigne Mme Héroux.
Cet arrêt de travail lui a permis de réfléchir pendant plusieurs mois et de faire le point sur sa carrière. J’ai réalisé, comme une grenouille dans un chaudron d’eau chaude, que je n’étais vraiment plus bien. Donc j’ai décidé de quitter le navire, un peu à contrecœur, dit-elle.
À contrecoeur parce que quand on décide de faire ce métier-là, on veut aider les gens, on veut aider les plus vulnérables, et j’ai l’impression d’abandonner mes collègues et d’abandonner la population la plus vulnérable, parce que c’est cette population-là qui se retrouve dans les CLSC et dans le réseau public plutôt que le privé, poursuit-elle.
Mais les conditions de travail étaient devenues trop difficiles pour elle, ce qui l’a poussée à se lancer au privé. D’une part, j’ai beaucoup plus d’autonomie. De l’autre, le salaire est vraiment meilleur. C’est certain que la clientèle avec qui j’oeuvre au privé, ce sont des travailleurs, ce sont des gens qui sont actifs, qui sont fonctionnels, donc les cas sont plus agréables à traiter, croit-elle.
Que serait-il arrivé si elle était restée dans le réseau public? Je ne sais pas, parce que je ne peux même pas m’imaginer être restée dans le public. J’avais deux choix devant moi, poursuivre ma pratique au privé ou changer de carrière complètement, lance-t-elle.
Selon elle, avec les années, la demande d’aide en santé mentale a continuellement augmenté, mais les ressources n’ont pas été bonifiées. Les ressources tendent même à diminuer, on nous a enlevé nos agendas, on nous a enlevé nos Post-its, on se ramasse à être plusieurs à devoir travailler dans le même bureau, c’est rendu un luxe d’avoir un bureau à nous seuls, donc je vous dirais vraiment que la demande grandit, mais les ressources diminuent. C’est ce qui ne fonctionne pas, affirme-t-elle.