La qualité du discours bilingue « inutilement en péril » au Parlement, selon l’AIIC
Radio-Canada
Les interprètes indépendants accrédités par le Bureau de traduction du Canada « ont été mis sur la touche en raison de systèmes administratifs inefficaces », déplore l’Association internationale des interprètes de conférence au Canada (AIIC Canada) qui publie un sondage à cet effet, mercredi.
Le sondage révèle que la plupart des répondants (75 %) qui n’ont pas de ‘"contrat ouvert’’ ne se voient pas offrir des affectations parlementaires, même si les deux tiers d’entre eux (65 %) seraient disposés à accepter de tels contrats ponctuellement, sur approbation du Bureau de la traduction, indique l’association.
La porte-parole de la seule association nationale qui regroupe les interprètes de conférence accrédités, Nicole Gagnon, invective la Chambre des communes, qui met inutilement en péril la qualité du discours bilingue de ses délibérations en ayant recours à des fournisseurs qui ne sont pas qualifiés selon les normes du Bureau de la traduction.
En publiant ces résultats, l’AIIC Canada dénonce une fois de plus le projet pilote de recrutement d’interprètes pigistes non accrédités. Selon elle, cela menace la qualité du bilinguisme au Parlement canadien.
La grande majorité des répondants (97 %) estime que le projet pilote va probablement réduire la qualité du service.
Aux termes de la Constitution et de la Loi sur les langues officielles, la Chambre des communes a l’obligation particulière de veiller à ce que ses délibérations dans les deux langues officielles aient un statut et des droits et privilèges égaux quant à leur utilisation, ajoute Nicole Gagnon.
L’organisme s’explique bien mal qu’environ 60 % des répondants disent avoir consacré moins de 25 % de leur temps aux affectations parlementaires. Étonnant, si on pense que le Bureau de la traduction est le plus grand consommateur de services d’interprétation au Canada.
La pénurie de main-d'œuvre qui sévit dans le domaine ne risque pas de s’estomper. Selon les prévisions de l’AIIC Canada, tous ceux qui possèdent 20 ans d’expérience en la matière seront à la retraite en 2027.
Parmi 94 répondants de tous âges, 49 % d’entre eux prévoient tirer leur révérence dans les cinq prochaines années.