La politique d’expulsion d’Ottawa met en péril les enfants, dit un groupe de psychiatres
Radio-Canada
L’Académie canadienne de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent (ACPEA) demande l'arrêt de l’expulsion de parents de jeunes canadiens, affirmant que les politiques fédérales mettent en danger la santé mentale de ces enfants.
Nous n’arrivons pas à comprendre comment ils peuvent croire que séparer les enfants de leurs parents est dans l’intérêt des enfants, dit le Dr John McLennan, rédacteur en chef du journal de l’Académie qui a publié la prise de position des psychiatres. (Nouvelle fenêtre)
Les besoins et les droits de santé mentale de l’enfant devraient avoir préséance sur les autres obligations de l’État sauf dans les situations où il y aurait des risques spécifiques et importants pour l’enfant et/ou la société si une [expulsion] n’avait pas lieu , indique l'article de l’ACPEA.
L’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) ne sait pas combien d’enfants sont séparés de leur parent à la suite d’une expulsion ni comment cette expulsion les a affectés. Un porte-parole de l’ASFC a toutefois écrit que l’agence prend toujours en compte l'intérêt de l'enfant en premier lieu avant d'expulser quelqu'un.
Cette considération peut être manifestée en retardant l’ordre d'expulsion jusqu’à la fin de l’année scolaire, par exemple. L’agence peut aussi faciliter le retour de toute la famille dans le pays d'origine des parents, incluant les enfants, ajoute le porte-parole de l’agence.
Le Dr John McLellan, qui est également professeur agrégé à la faculté de médecine de l’Université de Calgary, juge sévèrement cette attitude. Selon lui, le gouvernement fédéral se soustrait à sa responsabilité de veiller au respect des droits de tous ses citoyens, en disant que les parents peuvent simplement amener leurs enfants avec eux.
Il aimerait aussi savoir quelles sont les compétences des personnes qui prennent la décision de séparer les enfants de leurs parents : s'agit-il de personnes spécialisées dans la santé mentale des enfants? Cela semble peu probable, car les professionnels de la santé des enfants et de leur santé mentale savent que ces situations peuvent leur être néfastes.
L'Académie cite le cas de Hamila Abdi qui vit à Edmonton. Depuis un an, la mère de famille se cache pour éviter un ordre d'expulsion émis en juin dernier. Elle a le choix de laisser ses enfants avec son mari à Edmonton ou de les emmener au Kenya où sa famille serait, d’après elle, la cible d'exécutions arbitraires.
En 2018, une autre mère de famille d'Edmonton avec un mari et des enfants canadiens a été expulsée du Canada vers le Niger.