La photographie pour contrer l’âgisme
Radio-Canada
L’exposition itinérante Vieillir et beauté, d'abord présentée à Sherbrooke, propose les œuvres uniques d'Arianne Clément. La photographe estrienne capte comme nulle autre, à travers sa lentille, des aînés heureux, différents, magnifiques.
« Il y a des photos qui portent sur l'amour, sur la sexualité, sur la transidentité, il y a toutes sortes de sujets abordés. Vous savez, on essaie de sortir des clichés, des sentiers battus. »
Cette nouvelle exposition est le fruit d'une collaboration avec l'Université de Sherbrooke. L'initiative a été mise sur pied afin de contrer l'âgisme, une forme de discrimination découlant de préjugés et de stéréotypes envers les personnes âgées.
Selon le professeur sherbrookois Dany Baillargeon, il faut s'exposer à des représentations nouvelles des aînés pour réussir à changer les perceptions sur le vieillissement. Dans les médias, à la télévision et dans la culture en général, les personnes âgées représentées sont soit très malades ou vulnérables. Ou alors, l'autre stéréotype, c'est-à-dire les aînés qui vont dans le Sud et qui profitent de leur retraite. Entre ces deux représentations-là, il y a tout un spectre, souligne le professeur.
Cette exposition nous montre justement d'autres représentations, des gens très âgés, qui vivent encore des bonheurs amoureux, des personnes transgenres, des personnes de la communauté esbienne, gai, bisexuel, transgenre, queerLGBTQ, des personnes autochtones, bref, il n'y a pas juste une façon de les voir, ajoute-t-il.
« Avec cette exposition-là, on veut montrer qu'aller à la rencontre des aînés dans leur diversité, c'est comme ça qu'on peut rompre avec l'âgisme. »
Pour Dany Baillargeon, la démarche d'Arianne Clément et sa sensibilité font toute la différence dans son approche avec les aînés. Elle part plutôt du principe "je suis une personne qui oui, vieillit, mais qui a encore des passions, des intérêts, une volonté, une motivation, quelque chose à dire dans la société", affirme le professeur et chercheur.
Avant une séance de photographie, l'artiste prend le temps de connaître les personnes, question de créer une certaine complicité et d'arriver, du coup, à immortaliser des moments précieux et touchants.
« D'observer comment elle rit, comment elle bouge, comme elle est. De parler avec elle, de voir ce qui la fait vibrer. On pourrait dire, pour prendre des photos avec le cœur. »