La perspective unique de Michelle O’Bonsawin, première Autochtone à la Cour suprême
Radio-Canada
Il en a fallu du temps pour que la Cour suprême du Canada fasse une place à un membre des premiers peuples. Le 1er septembre dernier, Michelle O’Bonsawin marquait l’histoire en devenant la première Autochtone à occuper l’un des neuf sièges du plus haut tribunal du pays, vieux de 147 ans.
Nous étions ici il y a des milliers d’années. C'est vraiment important que nous ayons une voix au Canada, a déclaré la juge O’Bonsawin dans une entrevue aux Coulisses du pouvoir. La juriste apporte aussi le point de vue unique d’une Franco-Ontarienne issue de la communauté abénaquise d’Odanak.
Celle qui rêvait de faire partie du cénacle juridique canadien dit avoir été surprise en recevant l’appel du bureau du premier ministre. Tu l’espères! Tu le souhaites! C'est un numéro que je ne reconnaissais pas. J'ai pris l'appel. [...] J'étais super excitée.
La juge de 48 ans a cependant dû essuyer les critiques de ceux qui trouvaient que ses cinq années à la Cour supérieure de l’Ontario n’en faisaient pas une candidate assez expérimentée. À ce sujet, elle a suivi les conseils de son mentor, l’ancien juge manitobain et président de la Commission de vérité et réconciliation.
L'honorable Murray Sinclair m'avait dit : ''Michelle, il va y avoir des critiques. C'est normal, ça arrive à tout moment. Ne lis pas toutes les critiques.'' J'ai suivi son conseil.
La juge O’Bonsawin se familiarise maintenant avec la dynamique de la Cour suprême. Elle croit qu’elle pourra y mettre à profit son expertise en santé mentale et ses connaissances en ce qui a trait à l’affaire Gladue. Ce jugement rendu par le plus haut tribunal du pays en 1999 avisait les cours inférieures de tenir compte des facteurs systémiques et des origines d’un contrevenant autochtone au moment de la détermination de la peine.
D’ailleurs, elle souhaite sensibiliser la population et les juristes au taux élevé d'Autochtones dans les prisons fédérales. Une étude rendue publique en décembre dernier par l’enquêteur correctionnel du Canada révélait que les Autochtones représentent 32 % des détenus dans les centres de détention fédéraux, alors qu’ils ne constituent que 5 % de la population canadienne.
Il va sans dire que la nomination de Mme O’Bonsawin fait la joie de sa communauté d’Odanak. Le chef Richard O’Bomsawin a assisté à son assermentation. La juge a aussi été touchée par l’accueil de ses pairs lors de son passage à la réunion de l’Association du barreau autochtone.
« J'ai ressenti [...] la fierté de tous les avocats et les juristes qui font partie de cette association. C'était vraiment quelque chose. Un accueil chaleureux. »