La paix en Ukraine au prix d’une partition?
Radio-Canada
À quelques heures d'une ronde de négociations entre l'Ukraine et la Russie, sous médiation turque, le président ukrainien Volodymyr Zelensky déclarait dimanche que son gouvernement étudiait sérieusement et « en profondeur » l’hypothèse d’une neutralité de l’Ukraine.
Dans le sillage de cette sortie, un responsable du renseignement militaire ukrainien avertissait que Moscou a pour projet d’instaurer une séparation à la coréenne, donc une partition du pays à partir des lignes de front militaires.
Ces déclarations arrivent après que l’état-major russe, le 25 mars, eut affirmé vouloir concentrer ses efforts sur la libération du Donbass, c’est-à-dire les régions qui entourent Donetsk et Louhansk, les deux villes occupées par les rebelles prorusses depuis 2014.
Avec ces déclarations qui, en quelque sorte mettent la table, la cinquième ronde de négociations a-t-elle des chances d’être plus substantielle et d’aboutir là où les précédentes ont échoué?
Hélas, pas nécessairement, ou pas encore. Sur le terrain, les armes et les bombes parlent toujours; elles donnent le ton et restent déterminantes. Les négociations ne fonctionneront que lorsque les deux parties – et surtout la partie russe – auront décidé que la situation est mûre et qu’il n’y a plus rien à obtenir par la violence.
Jusqu’à maintenant – sauf parfois pour les cas de négociations pointues sur les corridors humanitaires, et encore – les pourparlers n’ont pas débouché, en dépit des progrès parfois évoqués de façon purement rhétorique par l’une ou l’autre des parties, alternativement – ou encore par un intermédiaire voulant se mettre en valeur, comme le ministre turc des Affaires étrangères, à la mi-mars.
Dans la bouche des protagonistes, ces déclarations pseudo-optimistes servaient essentiellement à gagner du temps (selon le cas, pour s’armer, ou pour se regrouper sur le terrain). Et presque à chaque fois, la Russie finissait par exiger une capitulation de la part des Ukrainiens : belle négociation!
Ce qui ne veut pas dire que les déclarations précitées concernant la neutralité ou la partition de l’Ukraine soient insignifiantes. Au contraire, elles représentent des ballons d’essai substantiels, qui donnent une idée de là où on s’en va, si l’hypothèse d’un cessez-le-feu négocié devenait plus crédible avec le temps.
On commence donc à savoir à quoi ressemblerait un hypothétique accord, mais sans y être encore.