
La paix aura-t-elle enfin son président en Colombie?
Radio-Canada
Perché sur une colline au pied de la cordillère du Perija, à une trentaine de minutes de Valledupar, la capitale du département du Cesar, se trouve le village de Tierra Grata, l’un des 24 espaces de formation et de réincorporation des FARC de la Colombie.
Au-delà de Valledupar, on aperçoit les sommets enneigés de la Sierra de Santa Marta. C’est dans ces deux chaînes montagneuses que le Front 19 des FARC s’est battu pendant des décennies contre l’armée colombienne et les paramilitaires qui dominent encore, dit-on, la plaine.
En septembre 2017, 162 guérilleros du Front 19 des FARC ont déposé les armes à Tierra Grata. Pour toute possessions, un uniforme, un fusil et un sac à dos. C’est maintenant un village de 350 personnes réparties dans 120 foyers.
Leurs habitations sont encore temporaires après cinq ans : une pièce de six mètres sur quatre par foyer. On commence à peine à construire des maisons permanentes. La première sera le siège du projet d’Écotour : une réplique exacte d’un campement des FARC où des touristes pourront passer 24 heures de la vie d’un guérillero (sans les combats), parcourir des sentiers de randonnée et observer des oiseaux rares dans des paysages magnifiques.
Un jour, chaque foyer aura sa maison grâce à l'aide internationale qui a permis à Tierra Grata de produire ses propres matériaux de construction. Le gouvernement, lui, n’a pas construit un seul logement.
L’accord de paix prévoyait que ces espaces deviendraient autosuffisants, voire rentables, mais on est loin du compte, car le gouvernement Duque s’est efforcé de ne pas respecter les engagements.
À cause du non-respect de l’accord de paix, cette communauté n’est pas parvenue à l'autonomie en matière de réincorporation sociale, économique et encore moins politique, déplore Freddy Escobar, dirigeant de la Coopérative Paz del Cesar. Nos projets sont trop petits et suffisent à peine à constituer une stratégie de survie. Notre communauté tient uniquement par le courage et la discipline de ses membres.
Alors que la majorité des espaces de réinsertion battent de l’aile, aux prises avec le manque d’aide financière du gouvernement et des discordes internes, il y a de petits succès.
Après 15 ans dans la guérilla (spécialité : communications), Manuel Bolivar, sa compagne Yoana et deux autres ex-combattants se sont lancés dans la microbrasserie (Cerveza Alternativa, produite par la brasserie La Roja, fondée également par d'ex-guérilleros).