La péninsule arabique, entre la Chine et les États-Unis
Radio-Canada
Lors d’une rencontre sur l’avenir de la sécurité au Moyen-Orient organisée à Washington par l’Institut des États arabes du Golfe en avril, le ton était sombre.
Cette région du monde deviendra un endroit de plus en plus chaotique, déplorait notamment Mary Beth Long, ancienne sous-secrétaire américaine à la Défense. Nous ne serons plus le partenaire principal, ajoutait-elle.
Les Américains ont-ils raison de s’inquiéter? La fin du siècle américain est-elle commencée au Moyen-Orient, comme le titrait récemment l'hebdomadaire Newsweek?
Pas tout à fait, estiment les experts de la région.
Les États-Unis et les pays du Golfe sont liés depuis près d'un siècle par un pacte informel pétrole contre sécurité, explique Emma Soubrier, chercheuse à l'Institut de la paix et du développement à l'Université Côte d’Azur. En échange de la garantie de protection des Américains, les pays du Golfe, particulièrement l'Arabie saoudite, assurent un flot de pétrole à bas coût aux États-Unis, ajoute-t-elle.
Cette entente aurait été scellée le 14 février 1945 sur le croiseur USS Quincy, dans le canal de Suez, lors d’une rencontre entre le roi Ibn Saoud, fondateur du royaume d'Arabie saoudite, et Franklin Roosevelt, qui était à ce moment-là président des États-Unis.
Le pacte de Quincy a tenu pendant des décennies. Mais il semble de moins en moins solide.
Les tensions sont devenues évidentes l’automne dernier, lorsque l’OPEP+ (les 13 membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole menés par l'Arabie saoudite et leurs 10 partenaires conduits par la Russie) a décidé de sabrer ses quotas de production, entraînant ainsi les cours à la hausse.
Un véritable camouflet pour Joe Biden qui, ravalant ses principes à la suite de l’assassinat de Jamal Khashoggi, s’était rendu en juillet à Djeddah pour convaincre le royaume d'augmenter sa production.