La Nation comanche à l’honneur dans la superproduction hollywoodienne Proie
Radio-Canada
« Soobesüküsta tüa pia mupitsl ikÜ kimai » : « Il y a très longtemps, il est dit qu'un monstre est venu par ici… » C’est avec des mots comanches que débute Proie, un des films de science-fiction les plus attendus de l’année. Cette superproduction hollywoodienne tirée de la franchise à succès des Prédateurs met en avant pour la première fois dans l’histoire du cinéma la langue et l’héritage culturel de la Nation comanche.
Le cinquième volet de la saga, scénarisé par Patrick Aison, plante son décor au cœur des grandes plaines américaines, autrefois peuplées par des hordes de bisons encore sauvages. Nous sommes en 1719 et les États-Unis n’existent pas encore. L’ouest du pays, habité depuis des millénaires par les Premières Nations, notamment les Comanches, est un vaste territoire préservé que les trappeurs français commencent tout juste à explorer.
Du récit historique à la science-fiction, il n’y avait qu’un pas. Pour celles et ceux qui ne le connaissent pas, sachez que le Prédateur (ou mupitsel, le monstre, en langue comanche) est un extraterrestre venu d’une autre galaxie qui aime chasser ses victimes en plein environnement naturel. C’est donc dans cette région de la planète qu’il décide de semer la terreur.
Même si le cinéaste américain Dan Trachtenberg admet en entrevue être un grand admirateur de la franchise, il a voulu, dès le début de ce projet cinématographique, offrir autre chose que de l’action pure et simple.
Dans le volet original, sorti en 1987, le cinéaste se souvient avoir été marqué par une séquence qui mettait en scène un personnage secondaire, celle où Billy, un éclaireur autochtone de l’Amazonie, se tient sur un pont au-dessus d’une cascade, prêt à en découdre avec l’extraterrestre.
« L’entièreté du duel se déroule hors champ. En fait, la scène a été coupée. On n'entend que les cris d’agonie du pauvre homme et, à la fin, c’est bien sûr Arnold Schwarzenegger qui gagne. »
C’est un peu pour rattraper cette mise de côté visuelle que le réalisateur a pensé braquer sa caméra sur les membres d’une communauté autochtone pour qu’ils deviennent à leur tour les héros de la saga. Je voulais raconter l’histoire avec des personnages qu’on ne voit pas ou peu à Hollywood, indique-t-il. C'est à ce moment-là que je me suis aperçu qu’aucun Autochtone n’avait encore tenu la tête d’affiche d’un film à gros budget.
Né à Philadelphie, ce réalisateur de 41 ans a également saisi l’occasion de tourner un nouveau Prédateur afin de réhabiliter l’image des Comanches, trop souvent dépeints comme des brutes et des sauvages dans de nombreux westerns américains. Les peuples autochtones, en particulier les Comanches, ont toujours été représentés comme les méchants, alors qu’ils étaient des guerriers courageux.
Notons que le tournage du film s’est déroulé en grande partie dans le territoire de la Nation Stoneys-Nakodas, en Alberta.