La mort de la reine pourrait entraîner la rupture de nombreux liens avec le Commonwealth
Radio-Canada
À son apogée, l’Empire britannique s’étendait aux quatre coins du monde et avait le quart de la population mondiale comme sujets. Au fil du temps toutefois, les royaumes de la monarchie se sont inexorablement rétrécis.
La première fissure dans la façade est apparue il y a 100 ans, lorsque la Grande-Bretagne a ratifié un traité de paix pour mettre fin à la guérilla qui avait rendu la domination de la Couronne inapplicable dans une grande partie de l'Irlande.
Au cours du quart de siècle suivant, cette fissure s'est étendue à d'autres colonies – d'abord dans le sous-continent indien et au Moyen-Orient, puis en Afrique et dans les Caraïbes – affaiblissant l'édifice monarchique jusqu'à ce que les chocs de la Seconde Guerre mondiale provoquent l'effondrement de l'Empire.
Des défaites militaires, de la Birmanie à Hong Kong, ont fini par affaiblir le prestige britannique, laissant place à l’arrivée des États-Unis sur la scène internationale. Le nouveau grand maître incontesté du monde de l'après-guerre considérait d’ailleurs les empires britannique et français comme faibles dans la nouvelle lutte idéologique avec l'Union soviétique.
La reine Élisabeth II a effectué une transition étonnamment douce vers le Commonwealth, une organisation volontaire qui est restée accessible même aux anciennes colonies, évitant ainsi à l'Empire britannique de vivre la même désintégration violente qu’ont connue les empires français et portugais.
Parmi les nations qui ont abandonné la monarchie figure le joyau de la couronne : l'Inde. Le pays a obtenu son indépendance en 1947 et s'est déclaré république deux ans plus tard. Le Bangladesh et le Pakistan ont emboité le pas.
Alors que la vague d'indépendance balayait l'Empire, la reine n'est restée cheffe d'État que du quart environ de ses anciennes colonies britanniques comme le Canada, l'Australie et la Nouvelle-Zélande, les anciennes colonies des Caraïbes (des Bahamas au Belize) et une poignée de nations du Pacifique (telles la Papouasie-Nouvelle–Guinée et les îles Salomon).
Notons que ces dernières années, le Commonwealth s'est élargi pour accepter de nouveaux membres qui n'ont pourtant jamais fait partie de l'Empire britannique. C’est le cas du Rwanda, ancienne colonie belge. D'ailleurs, ce pays de l’Afrique a accueilli cette année le sommet des chefs de gouvernement du Commonwealth.
Une autre ex-colonie belge, le Burundi, a demandé à devenir membre. Des pays suspendus, comme les Fidji, la Gambie et les Maldives, ont été réadmis, et d'autres qui avaient quitté l'organisation (Pakistan) ou en avaient été expulsés (Afrique du Sud) l'ont depuis rejointe. Quant au Zimbabwe, il a quitté le Commonwealth en 2003 et a demandé à y revenir en 2018.