La langue française tarde-t-elle à adopter l’écriture inclusive?
Radio-Canada
Des leaders communautaires rappellent l’importance d’une rédaction épicène afin de reconnaître la diversité de genres et la non-binarité.
Iels relèvent les défis liés à l'intégration d'une écriture inclusive dans la langue française.
Marie-Philippe Drouin fait partie du duo qui préside Divergenres, un organisme de soutien aux personnes trans, binaires et non binaires.
Pour iel, l’importance de l’écriture inclusive réside dans les défis auxquels iel fait face en tant que personne non binaire : On est dans un univers hostile. La violence indirecte dans les journaux, des discours antitrans, les messages de haine sur les réseaux sociaux.
Son quotidien est marqué par un mélange pas doux du tout; entre invisibilité et microagressions, raconte-t-iel.
Des microagressions qui peuvent prendre des formes directes ou indirectes.
« Les gens ne savent pas que je suis non binaire [sans que je le leur dise]. On utilise les mauvais pronoms, les mauvais accords pour parler de moi. On me pose des questions intrusives. On me demande de faire le travail intellectuel et émotionnel d’expliquer mon existence. »
Karim Achab est professeur de linguistique et de français langue seconde à l’Université d’Ottawa. Il estime que la langue française fait office de retardataire en ce qui concerne l’écriture inclusive si on la compare à des pays nordiques comme les pays scandinaves.
« Le Danemark, à titre d’exemple, a déjà incorporé un genre neutre dans la langue suite à un projet pilote fait sur des enfants depuis [la garderie] jusqu’à l'âge adulte. Maintenant, ces adultes-là ne se rendent même pas compte que c’était un projet piloté sur eux quand ils étaient petits, c'est-à-dire qu'ils l’ont incorporé [le genre neutre] de façon naturelle. »