La justice russe achève de dissoudre l’ONG Mémorial
Radio-Canada
La justice russe a ordonné mercredi la dissolution du Centre des droits humains de l'ONG Mémorial, au lendemain de l'interdiction de la structure mère de cette organisation emblématique qui a suscité l'indignation à l'étranger.
La cour a décidé d'accéder à la requête du procureur de dissoudre l'organisation de défense des droits Mémorial et toutes les entités rattachées, a déclaré le juge Mikhaïl Kazakov, selon une correspondante de l'AFP au tribunal de la ville de Moscou.
Cette décision s'applique à l'organisme recensant les violations des droits humains dans la Russie contemporaine, notamment les poursuites politiques visant les opposants de Vladimir Poutine. La veille, la Cour suprême avait banni sa maison mère, Mémorial International, et ses structures enquêtant sur les purges soviétiques.
Le Centre de défense des droits humains de Mémorial a été dissous pour avoir enfreint une loi controversée sur les agents de l'étranger et avoir fait l'apologie du terrorisme et de l'extrémisme, accusations que l'ONG rejette.
Son directeur, Alexandre Tcherkassov, a dénoncé une décision politique et juré que l'organisation continuerait de travailler d'une manière ou d'une autre.
Nous ne nous bercions d'aucune illusion, a déclaré l'un des avocats du groupe, Ilia Novikov, estimant toutefois qu'il était très important que le navire coule sans avoir amené le pavillon.
Malgré le froid glacial, plusieurs dizaines de personnes s'étaient rassemblées devant le tribunal pour exprimer leur soutien à cette organisation emblématique de l'Histoire contemporaine de la Russie.
Sa dissolution est une décision honteuse qui illustre l'effondrement de l'ensemble du système judiciaire, s'indigne Elena Ponomariova, l'une des sympathisantes présentes.
Fondée en 1989 par des dissidents soviétiques voulant sauvegarder la mémoire des victimes des crimes staliniens, l'ONG Mémorial s'est imposée ensuite comme un pilier de la société civile, s'attirant les foudres du Kremlin pour son engagement dans la défense des libertés publiques.