La haute technologie de Québec au service d’une économie plus verte
Radio-Canada
EN MODE SOLUTIONS - Polycor possède des carrières de pierre en Europe et en Amérique du Nord. Dans les dernières années, son président a découvert, grâce à un outil développé par Optel, que sa machinerie brûlait inutilement trop de diesel et a pu réduire sa consommation de 20 %. Depuis, l’empreinte carbone fait partie des paramètres analysés avant de choisir une solution technique pour l’entreprise.
« Aujourd'hui, c'est clairement un critère [...] on se préoccupe à la fois de l'efficacité et du prix, mais aussi de l'empreinte carbone. [...] Si l'empreinte est substantiellement plus élevée, on va choisir une solution qui est moins dommageable. »
L’outil de traçabilité qu’utilise Polycor a été développé par Optel, une autre entreprise de Québec. La traçabilité, c'est être capable de voir le flot de la circulation de matériel, de produits à travers tout un cycle de chaînes d'approvisionnement.
C’est ce que fait Optel depuis plus de 30 ans, nous explique Florent Bouguin. Il est chef de la direction technologique pour le groupe Optel.
Aujourd’hui, ses clients peuvent mesurer en direct leur empreinte carbone en récoltant une série de données à toutes les étapes de la chaîne d’approvisionnement, de la production jusqu’à la fin du cycle de vie, en passant par le transport des marchandises.
« Est-ce que vous voulez voir l'empreinte carbone de votre chaîne d'approvisionnement? [...] La performance socio-environnementale? Le niveau de qualité de votre chaîne? La gestion de vos inventaires? Bref, tout un tas de solutions. »
Le secret réside dans la quantité de données récupérées chez le manufacturier comme chez ses fournisseurs. Combien de pesticides utilise un producteur de café avec qui vous faites affaire? Quelle est la grandeur de ses champs? Florent Bouguin ajoute : On pourrait faire la même chose pour l'emballage papier [...], pour une batterie, un véhicule électrique, un avion. On peut faire ça pour n'importe quel type de produit.
L’Union européenne est ambitieuse. Elle souhaite devenir le premier continent carboneutre d’ici 2050. Pour y arriver, elle met en place une série de règlements, dont ceux imposant aux entreprises de rendre les chaînes d'approvisionnement plus vertes et plus acceptables socialement. Il faut que tous les acteurs qui vont être intégrés à la chaîne de valeur globale soient eux-mêmes responsabilisés, nous explique Kenza Teffahi, doctorante à L'Université de Rennes en France.
C’est aussi ce que croit le professeur à l’École de gestion de l’Université de Sherbrooke, Alain Webster. Les grandes entreprises devront démontrer sur l’ensemble de leur chaîne de production ... que je mesure mes émissions à moi, mais que j'oblige mes fournisseurs à mesurer aussi leur empreinte carbone. Ne pas le faire, ce serait encourager l'écoblanchiment, ajoute-t-il, [sinon ils] vont émettre le carbone à ma place, ça n’a aucun sens.