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La haute hiérarchie militaire américaine voulait garder un contingent en Afghanistan
Radio-Canada
Les plus hauts gradés de l'armée américaine ont contredit le président Joe Biden en admettant publiquement pour la première fois, mardi, qu'ils avaient conseillé de maintenir des centaines de soldats en Afghanistan pour éviter un effondrement du régime de Kaboul.
En début d'année, j'ai recommandé que nous laissions 2500 soldats en Afghanistan, a affirmé le chef du commandement central américain (Centcom), le général Kenneth McKenzie, lors de sa comparution devant le Comité du Sénat sur les forces armées.
Il a précisé qu'à l'automne 2020, des mois après l'entente entre l'administration Donald Trump et les talibans sur le retrait de toutes les troupes américaines, il avait même conseillé, lorsque le républicain était encore au pouvoir, de maintenir sur place 4500 militaires.
Mon évaluation, faite à l'automne 2020, est restée la même : [je croyais] que nous devrions maintenir une présence de 2500 militaires, qui pourrait aller jusqu'à 3500, dans ces eaux-là, afin de progresser vers la solution négociée, a indiqué pour sa part le chef d'état-major des armées américaines, le général Mark Milley.
Dans une entrevue accordée en août à ABC News, pendant les opérations de retrait des troupes, le président Biden concédait que les avis de ses conseillers militaires étaient partagés, mais disait ne pas se souvenir qu'ils aient plaidé pour le maintien de 2500 militaires.
Interrogée ensuite à ce sujet par la presse, la porte-parole de la Maison-Blanche, Jen Psaki, a affirmé qu'une présence militaire aussi limitée en Afghanistan n'aurait pas été possible à long terme. Personne n'a dit : dans cinq ans, nous pourrions avoir 2500 soldats et ce serait viable, a-t-elle dit. En fin de compte, c'est au commandant en chef de décider, et il a décidé qu'il était temps de mettre fin à 20 ans de guerre.
Le général Milley a aussi révélé avoir demandé à Donald Trump ainsi qu'à son successeur de ne pas fixer d'échéancier précis pour le retrait des forces américaines d'Afghanistan, mais de le lier à des conditions que les talibans devaient respecter, notamment la rupture de leurs liens avec Al-Qaïda.