La guerre en Ukraine, point de départ de menaces sur des commerces à Toronto
Radio-Canada
Courriels haineux, insultes, vandalisme; depuis le début de la guerre en Ukraine, des commerces de Toronto qui vendent des produits russes et ukrainiens sont la cible de menaces. Une situation qui a même poussé un bar à thème soviétique à changer son nom et à refaire sa décoration.
Le week-end suivant l’invasion russe, nos ventes ont complètement chuté, raconte la propriétaire du bar Brash & Sassy Vodka Bar, Jasmine Daya.
Il y a tout juste un mois, l’établissement situé au centre-ville de Toronto s’appelait Pravda Vodka Bar et déployait une thématique soviétique.
Ses murs étaient recouverts de tableaux à la gloire de l’Union des républiques socialistes soviétiquesURSS. Un énorme portrait de Lénine régnait au milieu de sa salle à manger et une série de drapeaux arborant la faucille et le marteau, symboles du communisme, étaient suspendus au-dessus du bar. Sans compter l’énorme statue de Staline devant laquelle les clients avaient l’habitude de se prendre en photo.
Mais en quelques jours seulement, presque toutes les traces de sa décoration soviétique ont disparu.
La statue est si grosse que nous ne pouvons pas la faire sortir par la porte. L’ancien propriétaire l’avait fait entrer par la fenêtre. Nous allons donc devoir la garder cachée ici parce que nous ne savons pas comment la faire sortir, raconte Jasmine Daya en tirant le rideau d’une pièce de rangement.
Dans le sous-sol, une énorme faucille et un marteau sont maintenant ensevelis sous des caisses de bières tandis que des dizaines d’artéfacts soviétiques comme des portraits de leaders et drapeaux communistes, des poupées russes et des accordéons s’empilent à l'abri des regards.
[Dès le début du conflit] nous avons commencé à recevoir des menaces. Elles arrivaient de partout : par courriel, sur nos réseaux sociaux, par téléphone. J’avais tellement peur que quelqu’un s’en prenne à notre établissement et que la sécurité de mes employés soit compromise que j’ai tout de suite décidé de changer notre identité de marque, raconte Jasmine Daya, qui a dû augmenter la sécurité au sein de son établissement.
Elle ajoute avoir déboursé plus de 100 000 $ pour refaire la décoration.