La fierté suspecte
TVA Nouvelles
Remplacer le cours Éthique et culture religieuse (ECR) par un autre «axé sur la culture et la citoyenneté québécoise», comme l'a annoncé François Legault mardi, devrait, selon certains, nous terrifier.
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Oui, puisque le premier ministre a précisé que ce changement se ferait dans le but de «transmettre un sentiment de fierté, de citoyenneté partagée». Afin de favoriser la «cohésion sociale».
Face au nationalisme, il faut certes toujours cultiver notre «esprit critique» —un des objectifs de ECR, justement.
Mais plusieurs contempteurs du nationalisme voient dans toutes ses expressions une sorte d'idéologie quasi nazie. (Alors qu'étrangement, ils célèbrent tout désir de «cohésion nationale» d'autres minorités.)
Certes, la vice-première ministre Geneviève Guilbault n'a pas aidé la cause du gouvernement en disant que le nouveau cours allait «avoir une petite saveur chauvine», jeudi.
Mais s'il y a une chose que nous a apprise la pandémie, c'est bien que nous ne sommes pas des îles, nous les individus. Et pour bien fonctionner collectivement, le sentiment d'être dans le même bateau est essentiel.
Bien sûr, lorsqu'ils viennent de grandes nations conquérantes, les appels à la fierté, les accès de nationalisme, doivent susciter la méfiance. «Si je vivais en France ou en Grande-Bretagne, a déjà déclaré le sociologue québécois Fernand Dumont, je ne serais pas nationaliste. Mais ici, je le suis par nécessité, devant la fragilité de ma société en Amérique du Nord. Je récuse la prétention qu'on ne puisse être nationaliste et humaniste.»