La ferblanterie traditionnelle, un métier qui se perd au Québec
Radio-Canada
Pascal Grenier pose sa grande main sur une tête de lion en cuivre installée sur la table de son atelier. La pièce, d'un réalisme frappant, a la grosseur d'un melon.
Ça allait en façade d'une corniche du Vieux-Montréal. Il y en a 60 ou 80 qui font le tour de la bâtisse. Quelques-unes étaient détachées parce qu'à un moment donné, le cuivre est tellement mince qu'il n'y a plus rien qui tient.
La restauration d'une seule de ces têtes de lion peut nécessiter près de 200 heures. Celle-ci a dû être reproduite en utilisant la technique de l'estampillage sur un moule de plâtre.
Tel est le métier de ferblantier ornemental que pratique Pascal Grenier depuis une trentaine d'années. Un métier auquel une formation spécifique est sur le point d'accueillir sa première cohorte d'étudiants.
Mon père était ferblantier-couvreur, c'est sûr que j'ai commencé moi aussi en posant des solins et contre-solins, raconte M. Grenier, qui dirige aujourd'hui l'atelier MBR, à Repentigny.
Il a eu la piqûre de la restauration patrimoniale en travaillant sur les toits. J'ai souvent réparé les corniches quand on allait sur des toits plats. Mon père était un peu moins patient et il me disait : "Va réparer ça!" À force de réparer certaines corniches, je me suis mis à regarder comment c'était fait, à les reproduire.
Mais les ferblantiers qui se spécialisent dans la restauration d'éléments patrimoniaux se font de plus en plus rares. À l'École des métiers de la construction de Montréal, seulement 14 élèves sont inscrits en ferblanterie cette année. Ce programme offre des débouchés surtout dans les domaines des conduits de ventilation et des toitures conventionnelles; un seul cours est consacré au patrimoine.
Dans la grande région de Montréal, une dizaine de ferblantiers seulement maîtrisent les techniques traditionnelles, selon Pascal Alarie, architecte spécialisé en patrimoine de la firme C2V Architecture.
C'est un métier qui est vieillissant. Il n'y a pas beaucoup de relève, on n'en voit pas tellement. Et on le sait qu'inévitablement, les plus vieux s'en vont à la retraite.